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Coquin de Printemps
Aujourd'hui, lorsque l'on demande au premier spectateur venu quelle image il a de Disney, les réponses sont souvent unanimes : "Boîte à fric", "studio qui a perdu son âme", quand ce n'est pas "pervertisseur d'enfants" (une récente analyse sociologique très sérieuse montrait l'aspect fasciste des productions de l'empire Disney, dans le sens où un point de vue extrêmement manichéen est imposé, sous forme de diktat irréfutable). Tout n'est pas à jeter dans ce bain d'opinions, mais reconnaissez que la critique est facile. Certes les productions de la fin des années 90 n'ont plus guère de rapport avec les chefs-d'œuvre de notre enfance, mais la magie initiée par une certaine souris Mickey perdure encore, plus de 75 ans après sa création (que de souvenirs émus en pensant à la Belle et la Bête, au Roi Lion, voire même à Tarzan). C'est précisément Mickey que l'on retrouve dans Coquin de Printemps, neuvième long métrage du studio yankee, aujourd'hui méconnu pour ne pas dire tombé complètement dans l'oubli. Il est vrai que l'intitulé prête à sourire. Mais que l'on ne s'y trompe pas, nous sommes ici en présence d'un divertissement de très haute qualité (voilà qui est dit). Outre une animation sans faille et un rythme d'une modernité incroyable, ce film-valise composé de deux segments bien distincts est une vraie réussite, un petit bijou de poésie et un concentré d'action trépidante. Tout d'abord donc, le segment Bongo Roi du Cirque. Après une entrée en matière un peu molassonne, l'on se surprend à suivre avec intérêt les aventures de ce jeune ourson livré à lui-même... avec pour ainsi dire deux climax : une séquence d'un romantisme échevelé où les animateurs Disney ont pu laissé libre cours à toutes leurs fantaisies chimériques (la maxime "l'amour donne des ailes" n'a jamais été aussi vraie !), puis une scène mouvementée où Bongo affronte un grizzli d'une férocité rarement vue... Mais au-delà de ça, cet épisode est remarquable pour son alternance de séquences gaies (la chanson où l'on apprend comment dans la race des ursidés on déclare sa flamme) et tristes, sinon mélancoliques (la nuit agitée du pauvre ourson). Livré à lui-même, Bongo devra par la force des choses apprendre à se comporter comme un vrai ours, et par-là même à se forger une identité singulière. Ce qui pourrait n'être en apparence qu'un moyen métrage comme un autre prend donc une dimension œdipienne sous le crayon du conteur Walt ! Excusez du peu. Passons à ce qui est sans doute le plat de résistance de ce programme, le segment Mickey et le haricot magique. Reprenant la fameuse histoire de Jack et le haricot magique, ce moyen métrage est bien évidemment un classique de l'animation instantané, puisqu'il met en scène Mickey, Donald et Dingo, les trois plus grosses vedettes du studio. Suspense parfois insoutenable au rendez-vous (le passage où Mickey subtilise la clef dans la poche du géant met les nerfs à rude épreuve), et inventivité notable (les gags visuels sur la table aux dimensions dantesques). En plus de cela, la morale est moins manichéenne qu'elle n'en a l'air, avec un géant plus attendrissant dans sa solitude désespérée que véritablement méchant et agressif. Ce segment, raconté par un Edgar BERGEN en chair et en os alterne donc images animées et prises de vues réelles. Celles-ci sont fort datées, et les marionnettes sont assez irritantes dans leurs gimmicks convenus... toutefois l'on s'accroche suffisamment à l'histoire narrée pour passer outre. L'on souhaiterait même prolonger notre incursion dans cet univers ! Enfin, ce long métrage mérite d'être vu pour deux autres raisons. D'une part car il marque la renaissance du studio Disney au sortir du traumatisme de la Seconde Guerre Mondiale (le making of revient sur ce point). Enfanté dans la douleur, il est le témoignage d'une époque que l'on espère révolue. D'autre part, pour clore sur une note plus joyeuse, beaucoup d'éléments du film préfigurent le devenir du studio et des idées qui vont être développées à partir des années 50, au cinéma comme à la télévision : deux écureuils ressemblent étrangement à Tic et Tac (épisode avec Bongo), l'un des ours fait furieusement penser au sympathique Baloo (même épisode)... et une référence est même faite au sujet de Cendrillon (épisode avec Mickey) ! Y'a pas à dire, Disney avait de la suite dans les idées. Gersende
Bollut Article
publié conjointement sur les sites DVDAnime et Frames. |
"Outre une animation sans faille et un rythme d'une modernité incroyable, ce film-valise composé de deux segments bien distincts est une vraie réussite, un petit bijou de poésie et un concentré d'action trépidante"
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