Sommaire

serial experiments lain
1ère partie



Attention !

L'article qui suit tente d'analyser serial experiments lain, son scénario et sa mise en scène, son univers thématique et esthétique. Par conséquent, de nombreux éléments relatifs à l'histoire de la série viennent servir l'argumentation. Si vous n'avez jamais vu les treize épisodes au moins une fois, je ne saurais trop vous conseiller de quitter cette page et de récupérer au plus vite les quatre DVD édités chez Manga Distribution (ou les cinq VHS, ou bien sûr les pauv' fichiers DivX qui traînent dans un coin moisi du Net). Cela dit, l'incroyable richesse, la complexité et l'expérience intellectuelle offertes par Lain méritent (idéalement) plusieurs visions, livré à soi-même dans un voyage initiatique sans réel équivalent.

Avant toute chose, je tiens à remercier ici Lawrence Eng, auteur d'une excellente analyse en ligne sur Lain, qui m'a autorisé à reprendre dans le présent article quelques unes de ses pertinentes pistes de réflexion. J'y ferai référence par des *cf hypertextuels (ah, la magie d'Internet). Le site est autrement consultable à cette adresse : http://www.cjas.org/~leng/lain.htm.


VISION CURSIVE

Jouons cartes (graphiques ?) sur table (de calculs ?) : afin de rendre compte des innombrables niveaux de lectures de Lain au travers d'une étude "synthétique", il faudrait vraisemblablement écrire un livre. L'idée notée sur un post-it, je me contenterai pour l'heure de commentaires suivant de façon linéaire la vision (attentive et modulable, nonobstant) de la série.

Or, que voit-on en premier lieu d'une œuvre audiovisuelle, avant même son début effectif ? Son titre. Communément appelée Lain par commodité et la plupart de ses adorateurs, la série de Chiaki KONAKA (scénario), Yoshitoshi ABe (character design) et Ryutaro NAKAMURA (réalisation) se nomme en réalité serial experiments lain (sans majuscule), même si seul le nom Lain apparaît au générique de chaque épisode. Ce titre officiel peut se traduire de deux façons : avec "serial experiments" au sens de "expériences en série" (sous-entendu "sur Lain" ou "du nom de Lain"), ou alors en l'interprétant comme une phrase sujet-verbe-complément. Ce qui donne ainsi "le feuilleton expérimente Lain" ("serial" utilisé comme nom désigne un TV show à épisodes, ce qu'est Lain en fin de compte). Il convient de noter ici que l'emploi correct du verbe "to experiment" en anglais suppose la construction "to experiment with something", contournée en l'occurrence par le fait que Lain (le personnage) n'est pas une chose mais (enfin, a priori) un être humain. Supposons également que dans la logique cybernétique de la série, la simplicité d'une assertion comme "serial experiments lain" traduirait plus efficacement une ligne de commande informatique qu'un trop littéraire "The serial experiments with lain".

Certains procédés narratifs inciteront à se repencher sur cette ambivalence linguistique, vers la fin. Alors si je puis me permettre : allez aux toilettes, servez-vous une tasse de café, inspirez un grand coup, et lisez.


LAYER 01 : WEIRD

Note : les épisodes sont appelés "Layers", terme anglais signifiant "couches" (au sens de "couches de peinture", entendons-nous bien). Les habitués de la littérature cyberpunk ou des réseaux informatiques connaissent bien ce terme, souvent utilisé comme métaphore des différents niveaux d'accès d'un programme (par exemple dans le jeu vidéo Rez). Dans le cas de Lain, les différents épisodes se présentent comme autant de couches successives à gratter avant d'accéder à la compréhension globale de l'œuvre.

Weird : mystérieux, bizarre, singulier.

Le titre de ce premier épisode s'avère rapidement très approprié. Mystérieux, le scénario ne manquera jamais une occasion de l'être, posant généralement plus de questions qu'il n'apporte de réponses. Bizarre et singulier, deux mots qui viennent naturellement à l'esprit devant les premières images, la simplicité apparente du graphisme et quelques partis-pris visuels abstraits : tâches de couleurs dans les zones d'ombres, lumières unicolores, aplaties et géométriques, textes sur fond de couleurs pastels aquatiquement animées…

Au niveau de l'animation en elle-même, quelques passages trahissent un probable manque de budget, particulièrement flagrant lors de certaines scènes. Mais après tout, ce genre de réserves n'a pas empêché des films comme Perfect Blue ou même Ghost in the Shell d'accéder (à juste titre) au rang d'œuvres majeures.

Considérations techniques mises à part, chaque épisode (à l'exception du dernier) s'ouvre sur l'inscription "present day, present time", qui voudrait nous persuader que l'action prend place à notre époque. Pourtant, la technologie semble sensiblement plus avancée dans l'univers de Lain que chez nous. Il peut s'agir d'un reflet de notre monde, vu dans un miroir déformant : ce que nous appelons Internet devient ainsi le "Wired" (littéralement "branché", "connecté", de l'anglais Wire : fil métallique). Or, l'expression "Net" revient plusieurs fois dans la bouche des personnages. Désigne-t-elle seulement le réseau (Network) ou bien l'Internet comme dans notre langage courant ? Si une nuance existe dans l'esprit des personnages de la série entre Internet et Wired, cela implique qu’ils connaissent ou ont connu "notre" Internet avant de découvrir le Wired, une version plus évoluée du réseau. Un autre élément viendra plus tard conforter cette hypothèse : le Wired utilise un protocole informatique appelé Protocol 7, alors que notre protocole actuel (IP pour Internet Protocol) en est à sa quatrième version. D'une certaine manière, le monde de Lain ressemble donc davantage à un futur hypothétique qu'à notre présent.

Introduction

Après le générique accompagné d'une superbe chanson du groupe bôa (http://www.boaweb.co.uk/lyrics.htm#duvet), une courte séquence d'introduction récurrente montre des mouvements de foule, de voitures, et des images de câbles électriques. Une voix énonce par dessus une phrase différente à chaque fois. Le plus souvent (à commencer par ce Layer 01), la voix est celle d'Alice, l'amie de Lain.

La première véritable séquence met en scène le suicide d'une collégienne. Les préliminaires de l'acte (si j'ose dire) sont entrecoupés de textes énigmatiques sur fond psychédélique. Juste avant de sauter du haut d'un immeuble, la jeune fille retire ses lunettes et dit quelque chose que le spectateur n'entend pas (gros plan sur les lèvres qui remuent mais dont ne sort aucun son). Puis nouvelle inscription à l'écran. "C'est à toi de comprendre… pourquoi tu dois le faire". Le procédé vient tout droit du cinéma muet mais se voit ici sublimé : l'esthétique de ces différentes inscriptions correspond assez bien à l'univers visuel du Wired que la série présentera plus tard. Leur enchaînement forme de plus une sorte de dialogue, laissant penser que la collégienne s'adresse à quelqu'un avant le grand saut. Dans le même ordre d'idée, des voix apparemment échappées des câbles électriques ne tarderont pas à venir sporadiquement "commenter" certains événements, ajoutant du texte sur des images autrement muettes.

Dans l'atmosphère bleutée-grisée de cette séquence d'ouverture, la présence insistante du rouge se remarque aisément. Dans les plans précédant le suicide, des marques salissent les décors, comme laissées négligemment au pinceau, renforçant l'attente de l'acte de mort qui va arriver. Une fois la fille tombée au sol, son sang se répand dans une flaque d'eau et se confond dans le mouvement aqueux avec le reflet des néons. Puis les tâches rouges envahissent les zones d'ombres, faisant le lien (graphique) avec la scène suivante et soulignant l'importance de ce qui vient de se passer. Cet événement va en effet déclencher la quête spirituelle de Lain et, de façon plus directe, son entrée en scène.

Dans un décor blanc, immaculé (à l'exception des ombres souillées de rouge, donc), presque vide, une porte s'ouvre. Lain entre dans cet extérieur irréel comme un acteur entre sur la scène d'un théâtre, sort (très probablement) de sa maison mais visuellement, de nulle part. Puis la voilà dans le train qui la mène au collège. Une confusion s'opère alors dans son esprit (et du même coup, dans les nôtres) entre les bruits d'ondes dégagés par les câbles électriques et les bruits réels occasionnés par les passagers. Dès le début, Lain semble de fait connectée à quelque chose qui ne correspond pas à la réalité. Le fait que cette première manifestation ait lieu dans le train n'est d’ailleurs pas innocent, puisque celui-ci, moyen de transport physique réel, avance connecté à des câbles électriques (comme vient le rappeler un plan assez bruyant de passage du train, attaché à ses câbles). Arrivée devant son collège, Lain voit également les choses avec une perception sensiblement différente de celle d'une personne saine d'esprit : animation vaporeuse dans son ombre, passants disparaissant eux-mêmes dans une ombre…

La scène qui suit, dans la classe de Lain, réintroduit l'enjeu dramatique initial (le suicide) et l'ancre dans le réel avec la réaction par rapport à la mort (le deuil) de Julie, camarade en train de pleurer. Autour d'elle s'articulent alors la présentation de deux personnages plus (Alice) ou moins (Reika) proches de Lain et des éléments relatifs à l'événement. La défunte s'appelait Chisa Yomoda et depuis sa mort, des élèves ont reçu un e-mail signé de son nom. Interpellée par Alice à ce sujet, Lain ne comprend pas de quoi elle parle et ajoute : "L'ordinateur, ce n'est pas mon truc". Dans la discussion qui suit avec Alice et Reika, Lain a l'air complètement à la masse. Bien que connectée à quelque chose malgré son défaut de connexion informatique au réseau, Lain se montre en revanche totalement déconnectée de la vie sociale et du monde réel.

Une petite ellipse plus tard, nous voici en cours de mathématiques avec Lain. Tandis que la prof écrit des équations au tableau, un phénomène étrange se produit : de la fumée s'échappe du bout des doigts de Lain avant d'évoluer dans la classe, ce dont elle ne s'étonne pas plus que ça. Pourquoi ? Une possible explication apparaîtra à la lumière de certaines révélations. Sur le phénomène en lui-même, un des fameux textes sur fond psychédélique intervient à ce moment-là : "Qu'est-ce qu'on sent quand on meurt ? - Ça fait vachement mal". La distinction corps/esprit déjà évoquée dans la scène d'ouverture vient ici sous-entendre une séparation similaire : l'esprit de Lain réagit au programme (rudimentaire, certes) formé par les équations et s'échappe du corps sous la forme d'une fumée (représentation à rapprocher éventuellement de certaines croyances selon lesquelles l'âme des morts part en fumée lorsque l'on brûle un cadavre).

Parlons maintenant de la chambre de Lain, qui rassemble toutes les caractéristiques d'une chambre d'enfant : multiples peluches sur le rebord de la fenêtre et du lit, réveil rigolo avec deux faux bras et deux fausses jambes, crayons avec de petites figurines en guise de gomme, cahiers fantaisie… même son ordinateur ressemble à un jouet ! De plus, la chambre se démarque du salon à côté duquel Lain passe juste avant. Aveuglante voire agressive, la lumière du soleil inondant le salon laisse ainsi la place à des couleurs plus douces dans la chambre (crème, mauve). Le côté "cocon" de la chambre d'enfant se traduit également par un dépouillement (juste un matelas au sol et le bureau) comblé par de nombreux "faux" personnages, à l'inverse du salon très meublé mais vide de toute personne. Cette candeur apparente rejoint en tout cas la remarque faite par Reika un peu plus tôt : "Lain est encore une enfant". Elle a pourtant quatorze ans (sauf erreur de ma part, ce n'est jamais dit dans la série mais l'information se retrouve néanmoins dans tous les documents de présentation officiels).

Chambre de Lain

Décidant de vérifier cette histoire d'e-mail fantôme, Lain écarte les jouets qui traînent sur son bureau afin d'utiliser son ordinateur (geste symboliquement fort : Lain effectue un premier pas en dehors de l'enfance pour se lancer dans sa quête de vérité). Elle aperçoit ensuite son reflet dans l'écran, reflet qui va se confondre pendant quelques secondes avec l'écran de démarrage du système. Ces quelques images en disent mine de rien beaucoup : d'abord, Lain s'incarne déjà dans son ordinateur même si cela reste pour l'heure un symbole visuel. Ensuite, le reflet renvoyé par l'écran est peut-être la manifestation la plus précoce de la "fausse Lain" dont j'aurai largement l'occasion de reparler.

L'ordinateur utilisé par Lain correspond à cette idée de futur plus ou moins proche dans lequel se déroule l'action, puisqu'il utilise un système d'identification vocale (rappelons au passage que la série date d'il y a six ans) et s'exprime de vive voix. Lain réagit même à sa machine en lui parlant mais sait qu'elle ne l'entend pas (voir le plan où son doigt presse la touche ENTER). On constatera assez vite que dans le monde de Lain, le terme "ordinateur" est presque constamment remplacé par "Navi". Dans le Layer 08, l'écran du Navi portable de Lain affiche l'inscription "Knowledge NAVIgator", dont Navi sert donc de diminutif. Il faut par ailleurs savoir que le concept de Knowledge Navigator fait référence à la vision de John SCULLEY, CEO d’Apple de 83 à 93, quant aux ordinateurs de la firme au XXIe siècle (vision exposée dans son livre Odyssey, De Pepsi à Apple en français) *cf. serial experiments lain comporte d'ailleurs de très nombreux motifs directement empruntés à la marque Apple. Pour une étude (passionnante) à ce sujet, jetez donc un œil ici : http://www.cjas.org/~leng/apple-lain.htm (en anglais).

Pour terminer avec la scène de la chambre, la lumière du soleil vient éclairer les yeux de Lain lorsque celle-ci demande "Pourquoi tu es morte ?" en lisant l'e-mail de Chisa. En rappelant la lumière du salon, ce micro-événement tire un peu plus Lain de son cocon protecteur, et indique (tout aussi symboliquement) qu'au fond d'elle, Lain sait déjà pourquoi Chisa est morte, comme elle sait déjà (inconsciemment) tout ce qui va suivre.

La scène du dîner qui suit nous montre une famille assez peu chaleureuse ou unie. Le poste de télé allumé n'émet aucun son, on regarde donc les news sans les écouter, par automatisme. En l'absence du père pas encore rentré du travail, on ne se parle presque pas, on quitte la table prématurément (Mika, la grande sœur de Lain). Un détail de plus vient insister sur l'inadaptation de Lain au monde réel et aux choses matérielles : en remuant sa soupe, elle réussit involontairement à se faire mal aux yeux avec le reflet de sa cuillère. Quant à la mère, son indifférence à l'histoire de l'e-mail que lui rapporte Lain nous fait penser que soit elle se fout clairement de sa fille, soit elle n'y connaît vraiment rien du tout à l'informatique (comme ne cessera de le rappeler le père par la suite). Après le dîner, le père de Lain rentre et celle-ci en profite pour aller lui demander un Navi plus puissant. "Maintenant, tu es grande, tu dois être branchée" lui répond son père. L'entrée dans l'âge adulte passe donc par le Wired (une autre référence bien cachée dans cette séquence : http://www.cjas.org/~leng/lain.htm#bule, en anglais toujours).

Le lendemain, Lain prend à nouveau son train mais un incident l'arrête brutalement. Déséquilibrée, elle se relève, se raccrochant à ce qu'elle peut, avant d'être interloquée par la vitre de la porte. Elle observe alors du sang couler des câbles électriques puis se retrouve dans des lieux de passages successifs où les passants, anonymes, disparaissent dans une ombre. Une brume l'entoure finalement et la transporte sur une voie ferrée, où elle assiste impuissante à la mort d'un être peu identifiable écrasé par un train. Comment interpréter cette suite d'événements pour le moins obscurs ? Notons l'hyperluminosité qui se dégage de la vitre après le premier accident (Lain semble d’ailleurs s'y brûler les doigts). A mon sens, l'événement a déclenché l'ouverture d'un "portail" spatio-temporel (la vitre), assimilable à une brèche dans le flot d'informations (le sang s'échappant des veines électriques). En touchant la vitre, Lain s'engouffre dans cette brèche. Cela explique la succession de "zones de passages" sans lien apparent dans lesquelles Lain se retrouve avant de revenir à la voie ferrée, mais pour y vivre un autre accident appartenant certainement au passé. Qui Lain voit-elle mourir au cours de cette séquence ? Chisa ? L'uniforme le laisse penser mais Lain sait pourtant qu'elle s'est suicidée en se jetant d'un toit. Il faut plutôt chercher du côté du Layer 09 qui nous apprend la mort d'un certain Masami Eiri écrasé par… un train. Bien sûr, l'éminent scientifique Eiri ne se baladait sans doute pas en tenue de collégienne lorsque le drame survint. Mais il se peut que la réminiscence apparaisse encore brouillée et confuse dans l’esprit de Lain.

Tout de suite après, les gouttes de sueur (élément concret qui renvoie au sang, autre liquide corporel) qui perlent de son front ramène Lain à la réalité de sa salle de classe. Mais à peine remise de ses émotions, les données affichées au tableau (plus des maths mais de l'anglais, langage universel comme le langage binaire à une autre échelle) se transforment à nouveau en hallucinations. Ce Layer se termine par une nouvelle réminiscence, clairement celle de Chisa cette fois-ci, annoncée par des tâches désormais mauves dans les ombres (renvoyant à la chambre de Lain et, par voie de fait, à l'e-mail de Chisa).


LAYER 02 : GIRLS

Ce Layer débute au Cyberia, une boîte de nuit où les jeunes se retrouvent "pour s'amuser" et qui deviendra un lieu récurrent dans la série. Cyberia est également le titre d'un livre de Douglas RUSHKOFF (sorti en 94 mais jamais traduit en France) qui traite des cybercultures et de leurs philosophies. Cet essai avance en outre la théorie d'une conscience globale de la Terre (Gaia) dont les humains seraient les neurones, postulat repris explicitement dans le Layer 09. Enfin, la sonorité du nom "Cyberia" rappelle fortement celle de "Siberia", ce qui colle assez bien à la nature des relations qu'y entretiennent ses clients : on vient parler d'informatique, chercher la connexion avec ses semblables, savourer un trip hallucinogène solitaire… Derrière les apparences prédominent les sensations de froideur, d'isolation et de solitude des plaines de Sibérie... *cf.

Cette première scène reprend le principe du suicide dans le Layer 01 : les personnages ne prononcent aucun mot mais communiquent par messages textuels interposés. Si la discussion porte indéniablement sur le douteux produit qu'achète le jeune junkie, difficile de comprendre qui parle avec lui. Un sentiment de confusion en découle et nous plonge dans le même état que le speedé perso. Un commentaire tout droit sorti d'une base de données (avec illustration en 3D) renseignera peu après sur la nature du produit ingéré : une drogue de synthèse du nom d'Accela. Celle-ci, comme son nom l'indique un peu, accélère le cerveau humain et altère sa perception (du monde réel), le mettant en adéquation avec la vitesse du Wired où les informations circulent sans limitation de temps et d’espace. L'analogie drogue/technologie suggère ainsi la possibilité d'un état de conscience inédit rendu possible grâce aux machines *cf (expérimentable même à notre niveau avec les moyens de transports modernes, qui font évoluer notre perception des distances, par exemple).

La scène du Cyberia se conclut sur la première apparition véritable de la "fausse Lain", qui ressemble beaucoup à la vraie (la fameuse mèche de cheveux qui tombe sur le côté) mais s'en différencie par quelques détails : bijoux, vêtements fashion et un regard agressif que Lain ne laissait pas soupçonner jusqu'à présent. Les lumières rouges du club renforcent cette apparence démoniaque qui rompt radicalement avec le blanc pur qui accueillait Lain dans le Layer 01.

Dans la séquence suivante, Lain se met en retard à cause de l'e-mail qu'elle attend mais qui ne vient pas. Les répliques de Mika à ce moment-là ("Ton nouvel ami mystérieux et totalement imaginaire") montrent que Lain s'enfonce progressivement dans un monde que sa sœur ne peut pas comprendre. Une fois à l'extérieur, on remarque désormais les tâches mauves mêlées aux rouges dans les ombres, ce qui laisse entendre une confusion entre la vraie Lain (l'enfant dans sa chambre mauve) et la fausse Lain (l’adolescente sous les projecteurs rouges du Cyberia).

Nouvelle arrivée devant le collège. Les trois "amies" de Lain (Alice, Julie et Reika) l'interpellent sur sa présence supposée au Cyberia la veille. Des aller-retour ultra rapides entre Lain et les trois filles rappellent la distance (matérielle et psychologique) qui existe entre elles, avant qu'Alice ne fasse le lien entre les deux (souligné par un enchaînement de plans classiques). Le début de ce Layer illustre par ailleurs le rythme donné au script par l'alternance entre scènes absconses (teintées d'événements en lien avec le Wired) et scènes plus conventionnelles (du monde réel), ces dernières faisant progresser le récit concrètement par les discussions menées par les filles, qui apportent un point de vue relativement neutre aux événements intrigants qui surviennent.

Peu après dans la classe, Lain reçoit un message d'Alice sur son Navi portable, lui proposant d'aller au Cyberia le soir même. Lain semble à la fois touchée par cette sollicitation (certainement la première de ce genre pour elle) et peinée de devoir y répondre négativement (sans doute par timidité).

Alice et Julie

Ellipse. Lain marche dans un couloir du collège. Au bout, une nouvelle interférence entre le Wired et le monde réel se manifeste. Le fantôme aperçu sur la voie ferrée sort cette fois-ci d'une porte (un placard à balais ? les toilettes ? pas évident) avant de "traverser" Lain. Par rapport à sa précédente apparition, le fantôme porte un uniforme plus proche de celui de Lain et un visage a priori plus masculin. Ces éléments renforcent l'idée que ce fantôme incarne plutôt Masami Eiri que Chisa Yomoda, d'autant que le scénario révélera plus tard un lien entre Eiri et Lain (marqué ici par le costume et la traversée corporelle). A l'inverse de la plupart des phénomènes paranormaux déjà rencontrés, Lain ressent réellement la peur dans cette scène. En repensant à l'interférence du train, on se souvient que Lain passait rapidement dans plusieurs lieux avant de voir le fantôme, dont le salon de sa maison, repère réconfortant dont elle n’a pas bénéficié avant cette deuxième rencontre.

De retour chez elle, Lain tombe sur un livreur qui attend devant la porte. Il lui apporte son nouveau Navi et commence à discuter un peu avec elle. Dans son discours, il semble que le Wired ne soit pas exactement la même chose que ce que nous appelons Internet, mais que les deux coexistent dans la série. En tout cas, la discussion tourne court, Lain rappelant : "Moi, je n'y connais pas grand chose à tout ça" (en écho à sa réplique dans le Layer 01).

Lorsqu'elle redescend de sa chambre plus tard, Lain surprend ses parents en train de s'embrasser et n'a pas l'air de comprendre ce qu'elle voit, comme si elle l'observait pour la première fois (important pour la suite). Constatant sa présence, la mère s'écarte comme devant une rivale, grognant à propos des cartons Navi entreposés dans l'entrée, nouveau lien entre Lain et son père qui exclut la maman de cette relation privilégiée père/fille. La courte scène qui montrait Lain dans sa chambre juste avant suggère d'ailleurs qu'en attendant le retour de son père pour installer le Navi, elle n'avait rien d'autre à faire, comme si seule sa connexion au Wired importait désormais. Pourtant, elle décide d'aller au Cyberia suite à un nouveau message d'Alice qui ressemble presque mot pour mot à la phrase d'introduction du Layer 01. Il s'agissait donc bien de sa voix, même si Chisa disait peu ou prou la même chose. Lain apparaît donc partagée entre deux invitations antagonistes : celle concrète d'Alice dans un lieu réel et celle, abstraite, de Chisa dans un lieu insaisissable (le Wired qui ne serait accessible que par la mort).

A ce stade, on peut également expliquer l'introduction de ce deuxième Layer, prononcée par une voix difficile à identifier. "De quoi as-tu peur, tu dois juste en essayer un peu". La scène d’ouverture du Cyberia laissait penser que ce "un peu" désignait la drogue Accela. Mais suivant l'agencement récurrent du début de chaque Layer, le titre de ce numéro 2 s'inscrit juste après cette phrase. GIRLS. Lain, vierge de toute expérience en société, se laisse ici tenter par une sortie avec des… filles. Toutefois, qui donne ce conseil au début ? Peut-être la mère, justement opposée à tout ce qui touche à l’informatique. Bien que n’ayant pas l'oreille très experte, je trouve les deux voix relativement proches.

Retour au Cyberia, donc (pour le spectateur mais aussi pour Lain, en fin de compte). Avant d'y entrer, Lain s'arrête devant un escalier descendant (vers l'Enfer ?). Le très léger panoramique (de la porte à l'héroïne), la vue en plongée et la "caméra" placée derrière le personnage renforce la distance entre Lain et le monde du Cyberia, ainsi que l'appréhension ressentie par la protagoniste à cet instant. Lain redoute en effet ce qu'elle s'apprête à trouver derrière la porte (son double, la fausse Lain). Une fois à l'intérieur, un contraste vestimentaire saisissant entre Lain et ses amies appuie encore l'impression de distance.

Intervient alors l'élément perturbateur du pétage de plombs du jeune homme drogué à l'Accela. Dans cette situation de mouvements intenses (fusillade dans un lieu public et donc réaction paniquée de la foule), la mise en scène prend le contre-pied et montre des personnages le plus souvent immobiles, figés en pleine action. Un procédé utilisé dans pas mal de mangas modernes (voir Perfect Blue) qui clarifie dans une certaine mesure le découpage d'une scène. Là-dessus, Konaka et Nakamura jouent davantage sur des bruitages tout de suite identifiables (coups de feu, cris…) que sur des images chocs, insistant sur les détails (la boule à facettes, les projecteurs lumineux) ou des ombres. En ressort un sentiment de temps suspendu, arrêté, et par conséquent une atmosphère quelque peu irréelle.

Lain a alors une nouvelle vision : du sang qui se répand par terre, préfigurant un nouvel acte de mort. Logiquement, il concerne le junkie, dont la perception des choses n'était plus compatible avec le monde extérieur. Derniers faits marquants : lorsque la lumière rouge arrive sur Lain, le drogué change radicalement d'attitude vis-à-vis d'elle. Conformément à la scène d’ouverture, il reconnaît sous cette lumière maléfique la fausse Lain, qui a pris la place de la vraie. Ce que confirme d'ailleurs son regard différent, changé, pointé de façon insistante par le faisceau lumineux du revolver. Sa bravade finale (elle s'avance vers le tueur) et la réplique qui l'accompagnent témoignent bien, à ce propos, d'un changement soudain de personnalité.


LAYER 03 : PSYCHE

Le troisième Layer s'ouvre sur une séquence d'introduction différente de celle des Layer 01 et 02. Quelques plans de l'incident du Cyberia rattachent le début de cet épisode à la fin du précédent. Le lien s'effectue par des images de ce qui se passe directement après (notamment avec la prise en charge de Lain et Alice par la police). En guise de commentaire, deux voix à nouveau inconnues s'adressent l'une à l'autre : "Tu as entendu parler d'une fille qui s'appelle Lain ? - Lain ? Du Wired ?". Là encore, l'existence possible d'une autre Lain s'insinue dans notre esprit.

Après le drame, la police a donc emmené Lain et Alice au commissariat. Le policier qui interroge Lain lui demande si ses parents ne sont pas en vacances puisque ceux-ci ne répondent pas au téléphone (merci de garder ce petit détail dans un coin de votre esprit). Alice rejoint ensuite Lain pour lui demander pardon et pose ses mains sur les siennes (geste symbolique qui reviendra à plusieurs reprises), ce qui semble la ramener à la réalité. Lain, touchée par l'attitude de son amie, ne l'excuse pourtant pas directement, la laissant repartir avec ses remords et sa culpabilité. Je pense qu'après sa fixette sur les événements du Cyberia (les images granuleuses du Layer 02 aperçues au début, son silence traumatisé face au policier), Lain ne fait "que" reconnaître son amie.

Dans la voiture qui la reconduit chez elle, Lain voit dans la nuit de très nombreuses maisons éclairées. Une fois rendue devant la sienne, aucune fenêtre allumée. Lain entre et après quelques rapides coups d'œil dans les différentes pièces, constate que personne ne s'y trouve. Dans sa chambre, en revanche, le Navi est toujours éclairé, comme s'il l'avait attendue. Au moment de se coucher, Lain n'entend donc qu'un seul "bonne nuit Lain", celui de son ordinateur. Le lendemain, elle tombe sur sa mère dans la cuisine, tente de lui demander des explications puis s'abstient. Pourquoi n'y avait-il personne dans la maison cette nuit-là ? Je me vois ici obligé d'anticiper sur le Layer 07 pour esquisser un début d'explication. Le spectateur finira en effet par comprendre que la famille Iwakura n'est pas la vraie famille naturelle de Lain. Mais il ne s'agit apparemment même pas d'une famille adoptive ou d'accueil. Le père ira même jusqu’à parler de "rôle" à plusieurs reprises. Dans cette logique, on peut supposer que ces "acteurs" s'octroient parfois des moments de relâche dans leur "performance" (repensez donc à The Truman Show). Ce soir-là, Lain n'était pas censée sortir. Sa fausse famille n'avait donc pas à tenir son rôle lorsqu'inopinément, Lain a débarqué en pleine nuit suite à l'incident. D'où son absence déconcertante.

En route pour le collège, dans le train, Lain entend des voix qui l'appellent. Bien que modulées, elles identifient celui qui les émet : Masami Eiri (dont on entendra la véritable voix plus tard), l'homme qui se proclame Dieu. Difficile de ne pas voir ici dans Lain une version modernisée de la figure historique Jeanne d'Arc. Le phénomène se reproduit peu après en classe, doublé d'une nouvelle interférence avec le Wired qui montre une Chisa virtuellement vieillie, comme en état de décomposition. Dans cette séquence de collège, on relève par ailleurs une scène purement fonctionnelle (le retour vers Alice suite aux incidents de la veille) et une nouvelle défense de Lain par Alice face aux railleries de Julie et Reika (la scène du casier).

Une fois en possession de sa mystérieuse puce électronique, Lain se souvient en pleine rue d'une information qu'elle (ou l'autre Lain) a entendue auparavant dans le Wired (et nous dans la classe, avant la troisième interférence avec Chisa). Le script se joue du spectateur comme le Dieu du Wired (Eiri) se joue de Lain. Au fait, en voici une qui a de quoi vous faire cogiter : qui a placé cette puce Psyche dans la casier de Lain ? En ce qui me concerne, je voterais justement Eiri par l'intermédiaire de ses serviteurs, les Knights (qui apparaissent dans l’intrigue au Layer suivant). Connectée au Navi, la Psyche permet en effet à son utilisateur de voyager dans le Wired sans interface classique de type clavier ou souris, dans un processus proche de la pensée humaine pure. La personne qui a offerte cette puce à Lain l'a donc clairement fait pour accélérer son évolution et son épanouissement dans le Wired.

Afin d'en savoir plus sur la Psyche, Lain décide de retourner au Cyberia sans ses amies. Dans le fameux escalier qui descend vers la porte du club, un couple s'embrasse, représenté à hauteur de Lain qui passe à côté sans le regarder, en baissant la tête (on ne voit d'ailleurs pas les visages des deux amants). En écoutant très attentivement, on distingue un dialogue entre un homme et une femme, mélangé à la musique sourde qui vient de derrière la porte : "Allez ! - Non… - Pourquoi pas ? - Je n'peux pas !". Bien qu'il y ait un couple non loin qui semble tout indiqué pour échanger de telles répliques, je pense que Lain expérimente une nouvelle réminiscence d'un événement du Wired. Juste après avoir poussé la porte, le DJ du Cyberia interpelle Lain, s'étonne de son look "Petit Chaperon Rouge" avant de lui proposer un nouveau "délire" quand elle veut. Bien sûr, je ne sais pas précisément en quoi consistait ce "délire", mais ma nature de nerd à la sexualité déviante m'incite à croire que la fausse Lain s'amuse bien dans le dos de la vraie.

Mais passons. Lain retrouve les trois mômes qu'elle avait déjà croisés dans l'escalier lors de sa première incursion au Cyberia. A la différence du père de Lain, ceux-là reconnaissent immédiatement la Psyche lorsqu'ils la voient (idée sous-jacente : les enfants s'adaptent souvent beaucoup mieux que leurs parents aux nouvelles technologies, autre thème central chez Rushkoff *cf). Après avoir rencardé Lain sur la puce, Taro (le meneur de la bande) lui demande un rencard, ajoutant qu'il veut pour cette occasion "la Lain du Wired", "la Lain sauvage", probable résultat de l'extrapolation du jeu (je ?) du monde virtuel.

Le Layer s'achève avec une séquence suivant Mika, la sœur de Lain. Notons que même sans Lain dans les scènes, le spectateur peut encore voir certains débordements du Wired sur le monde réel (comme les fameuses tâches de couleur dans les ombres). Mika, donc, rentre chez elle après les cours et tombe sur les deux "Men in Black" qui surveillent Lain depuis le début. Elle en parle ensuite à sa mère qui n'écoute pas plus l'aînée que la cadette. Puis la séquence se conclut sur une nouvelle scène d'interférence, Mika apercevant la fausse Lain dans la chambre de la vraie (la réplique "Bienvenue à la maison grande sœur !" et l'expression très enjouée sur son visage ne correspondent pas à l'autre Lain). A ce stade de la première vision, le spectateur peut sentir nettement des changements s'opérer à la fin de ce troisième Layer, pas le plus intéressant de la série mais tenant un rôle de transition indispensable.


LAYER 04 : RELIGION

La scène d'introduction classique effectue son retour. La voix d'Alice parle : "Je n'ai pas besoin de parents. Tous les êtres humains sont seuls. Ils ne sont reliés à personne. Absolument personne". Voilà une déclaration pour le moins surprenante de la part de la très sociable Alice. Sans compter que la scène du commissariat (Layer précédent) laissait deviner la présence de ses parents venus la chercher. Peut-être s'agit-il d'une projection de la part de Lain, d'un espoir secret qu'elle a d'entendre Alice lui dire cela, comme cela pouvait s'appliquer à l'introduction du Layer 01 (malgré sa timidité, Lain souhaitait sans doute une invitation au Cyberia de la part d'Alice). A moins que…

Première séquence dans la chambre, la fausse Lain (regard) a "pris la place" et trafique le Navi. Son père paraît à ce stade résigné à voir sa fille le dépasser sur le plan des compétences en informatique. La discussion qui suit, au rez-de-chaussée, fait penser à des "acteurs" entre eux mais la mère parle à Mika comme à sa véritable fille ("Ne parle pas à ton père sur ce ton"), alors que rien ne l'y oblige (toujours dans cette logique de comédie autour de Lain) en l'absence de la fille cadette. Soit il s'agit d'une habitude prise à force de jouer le jeu, soit la famille Iwakura est une véritable famille qui tient le rôle collectif de "la famille de Lain".

La scène suivante représente à mon sens l'une des plus réussie de la série. Un adolescent corpulent fuit face à une fillette, terrifié, ne parvient pas à trouver la bonne clef pour ouvrir son appartement puis la petite fille le rattrape et lui annonce : "Perdu !". Difficile à comprendre lors de la première vision mais ces péripéties sont liées au Wired et plus précisément au jeu en ligne PHANTOMa (vue subjective dans l'escalier de l'immeuble, clef manquante devant la porte car non trouvée dans le jeu, annonce du Game Over). Arrêtons-nous un instant sur la mise en scène de l'horreur toute asiatique de cette scène (qui en rappelle certaines de Ring ou Dark Water d'Hideo NAKATA). L'adolescent transpire, crie, écarquille les yeux… Un plan très court montre alors de petits pieds chaussés de sandales qui montent l’escalier. Le plan suivant revient sur le visage de l'adolescent. L'enchaînement produit un lien de cause à effet décalé, puisqu'on imagine mal un jeune homme plutôt baraqué à ce point effrayé par des sandales taille 18. La "caméra" effectue ensuite un lent travelling sur les immeubles, avec quelques bruitages de cris, situant l'action dans un cadre plus ou moins rassurant (la ville). Un plan montrant la fillette vient alors confirmer le décalage. Elle ne marche plus mais un lent zoom avant lui confère une impression de déplacement fantomatique, "nature" renforcée par ses yeux en apparence creux, insondables. S'ensuit un enchaînement de gros plans statiques sur : les yeux de l'adolescent, la peluche que la fillette tient dans ses bras, ses sandales (qui identifient la menace de l'escalier), un œil de l'adolescent et les tâches noires qui servent d'yeux à la fillette. Un travelling rapide de la petite fille (du moins le suppose-t-on puisqu'elle n'apparaît pas à l'image sur ce plan) à l'ado traduit le caractère invisible et surréaliste de cette menace. Puis un plan rapproché de l'ado cherchant la bonne clef laisse deviner que la fille approche dans son dos. "Perdu !". Plan d'ensemble de l'immeuble, un cri retentit mais on ne voit pas comment le jeune homme meurt, laissant libre court à notre imagination.

Le lendemain au collège, la discussion entre les filles explicite un chouïa les événements auxquels on vient d'assister, ou du moins les rattache un minimum au réel (par l'intermédiaire de PHANTOMa). L'évocation d'un nouveau suicide sème le trouble dans notre esprit : se pourrait-il que Chisa ait succombé à PHANTOMa (ou à quelque chose de comparable) elle aussi ? A côté de ça, Julie et Reika constatent que Lain a "changé" (elles ne croient pas si bien dire), ce qui ne ravit pas Alice au plus haut point, curieusement. Lain accompagne en tout cas ses trois camarades pour une courte séance de shopping. Au cours de celle-ci, de très brefs panoramiques entre Lain/Alice et Julie/Reika renvoient aux travellings brouillés du Layer 02 à la différence que Lain apparaît désormais plus proche (là encore, aussi bien physiquement que psychologiquement) de ses amies. Lorsque Lain décide de rentrer chez elle pour terminer la modification de son Navi, Alice percute sans le faire exprès… la fillette aux sandales et au chien en peluche. Celle-ci ne semble plus du tout menaçante mais accentue par référence le sentiment de malaise exprimé par Alice vis-à-vis de la nouvelle Lain. Cette dernière maîtrise peu à peu ses nouveaux pouvoirs par le biais du Wired, comme le confirme la brève scène au Cyberia montrant le DJ entendre une Lain qui disparaît tout de suite après (on peut même supposer qu’elle n'était pas physiquement présente derrière lui).

Le spectateur découvre ensuite PHANTOMa, le jeu supposé responsable d'une série de suicides. Dans un décor réel, un gamin court, apeuré. Seulement, il ne voit pas la réalité mais des couloirs en 3D évoquant un jeu vidéo de type First Person Shooter (Wolfenstein 3D, Doom…) et Lain qui le poursuit dans ce jeu. Paniqué, le garçon brise son interface (un Navi portable) en la jetant violemment au sol (comme il le dit, il ne veut plus jouer). Mais cela ne suffit pas à interrompre l'interférence entre les deux niveaux de perception (Wired et monde réel). Le garçon finit par atterrir au milieu de nulle part et tombe sur la fillette maléfique dont on comprend un peu mieux la "méthode" : faire mourir ses victimes d’effroi (tiens, comme dans Ring). Encore suffisamment enraciné dans la logique interne du jeu, le garçon utilise une arme virtuelle aux effets bien réels, brisant justement cette logique du "ce n"est qu'un jeu". Cette exécution met un terme à la partie, le décor virtuel disparaît tandis que Lain se tient non loin du jeune garçon et de sa victime dans un halo bleuté (n'appartenant pas au programme de PHANTOMa, elle ne s'interrompt pas avec lui mais reste ici reliée au Wired).

Bref élément explicatif : initialement conçu comme un moyen d'accéder au Wired, le jeu PHANTOMa a été piraté par les Knights et "malencontreusement" relié à un jeu pratiqué par de jeunes enfants (quoiqu'en y réfléchissant rétrospectivement, les morts causées par le jeu arrangent par certains côtés les affaires des Knights et de Masami Eiri).

Revenue de sa partie de PHANTOMa, Lain écoute l'avertissement de son père concernant la distinction réel / virtuel. En somme, il essaie de la dissuader d'interférer davantage entre le Wired et le vrai monde. Dans le même esprit, on comprend au cours de ce dialogue que le père savait ce qu'était la Psyche mais a préféré ne rien en dire à Lain, pour la décourager ou la retarder dans son utilisation. Pourquoi ce mensonge ? En tant que père (même s'il ne s'agit que d'un rôle), il préfère peut-être que sa fille ne tente pas le diable avec du matériel illégal aux effets mal connus. D'un autre côté, si Masami Eiri a bien offert cette Psyche à Lain, la réaction du père se place en contradiction avec cette volonté. Or, nous verrons que la famille Iwakura travaille pour quelqu'un, et que divers éléments désignent ce quelqu'un comme Masami Eiri. Je veux bien y croire, mais c'est à mon avis beaucoup plus compliqué que ça. Je pense que quelqu'un (quelque chose ?) d'autre se sert du père de Lain, dans une intention différente de celle de Masami Eiri. Nous y reviendrons (suspense suspense…).

La suite de la séquence nous plonge dans le Wired avec Lain, dans une représentation légèrement barrée mais très évocatrice du flot d'informations qui circulent dans le supernetwork. Discussions privées, publiques, données sécurisées, actualités… Lain hacke tout dans un maelström d’images en prises de vue réelles, lignes de code et voix digitalisées. La scène finale en rajoute même une couche sur le lien entre Lain et le Wired. Les deux MIB s'introduisent grâce à leurs mystérieux scanners optiques dans l'intimité de Lain, représentation concrète d'une intrusion informatique dans le Navi dont les circuits s'emballent au même moment, avant de lâcher un à-propos "Intruder interrupted" une fois les MIB chassés.


LAYER 05 : DISTORTION

Séquence d'introduction classique, voix d'Alice : "Si… si tu l'entends, c'est pour toi. Si tu le vois, c'est pour toi". Et là, je vous sens perplexes. Nous voilà bien avancés avec une phrase aussi peu explicite. Autant vous le dire tout de suite, je ne crois pas que cette phrase vienne effectivement d'Alice. Encore un mystère sur lequel il faudra revenir.

Le début du Layer 05 vient relancer la série narrativement, par le postulat édifiant d'une humanité figée, qui n'évolue plus. Derrière le vertige philosophique (sommes-nous devenus des animaux inutiles à l'évolution de la planète ?), la forme s'adapte au fond par des images brouillées (doutes) et, justement, figées. La deuxième relance arrive avec le passage au mouvement (corrélation tout aussi cohérente) : le Network peut sauver l'humanité de sa néoténie et en plus, Dieu a élu domicile dans le Wired. Par contraste avec la foule, Lain ne bouge pas car elle seule entend la voix de Masami Eiri / Dieu (nouvelle allégorie de Jeanne d'Arc).

L'enchaînement sur Mika post coïtum marque une totale opposition à Lain, jeune fille finalement très (voire uniquement) cérébrale dans ses rapports avec les autres. Mika, pour sa part, reste esclave de ses désirs matériels et de ses instincts animaux, quitte à supporter des relations apparemment médiocres (absence de communication, d'excitation dans la voix du petit ami). Ce qui suit le "brouillage" de l'écran s'inscrit également dans cette logique : le plan sur le feu piétons vert nous ramène à la scène d'ouverture avec Mika à la place de Lain. A la différence de sa sœur, elle bouge dans le même mouvement que la foule et ne prête aucune attention à ce qui l'entoure, y compris à un accident de voitures.

Dans la scène suivante, Lain parle avec une poupée dans une atmosphère étrange et irréelle. La discussion se déroule certainement dans le Wired puisque le Navi a disparu de la chambre. Le découpage de la mise en scène joue de plus sur une illusion d'optique qui nous pousse à croire que la poupée lévite comme plus tard la mère et le père de Lain dans des scènes analogues. Il faut en effet sept plans au spectateur avant de comprendre que la poupée est posée sur une chaise, cachée dans les ombres des points de vue adoptés successivement.

Le retour sur Lain immobile parmi la foule nous replace au point de départ du Layer, lors de sa première séquence. Et si tout ce que nous venions de voir ne correspondait qu'à une vision de Lain, une nouvelle interférence ?

La suite directe continue dans le bizarre. Dans la rue, un jeune homme distribue des mouchoirs (!) dont Mika va se servir pour essuyer une tâche de soda. Elle remarque alors une inscription rouge sur le papier blanc : "L'Enfer est plein de morts, les morts seront égarés". Deux interprétations possibles : un parallèle avec l'Apocalypse (les morts qui reviennent sur Terre, un peu comme Chisa avec son e-mail) que laisseront entrevoir plusieurs références bibliques par la suite, ou alors l'expression d'une prophétie pro Wired (un nouveau paradis pour les aspirants au suicide). Mika aperçoit alors sa sœur au milieu de la route et de la circulation, la tête regardant fixement vers le sol et répétant inlassablement "aime-moi". A qui s'adresse-t-elle ? Au Dieu dont elle entend la voix ? On pourrait le croire, d'autant que la scène imminente avec le masque africain dans le Wired pose des questions qui sous-entendent assez nettement la réponse "Dieu" (qui prophétise ? qui relie les points de l'Histoire ?).

Toutefois, l'apparition de Lain sur l'écran géant permet une autre explication. Peut-être que Mika, atteinte par l'interférence sans s'en rendre compte, a une vision de sa sœur lui demandant de l'aimer (pas trop le cas jusqu'à présent, pour ce qu'on en a vu). Cela dit, d'autres personnes (à commencer par Alice, Julie et Reika) voient Lain apparaître sur l'écran géant. La fausse Lain, de plus en plus éveillée dans le Wired (voir l'image identique dans l'écran du Navi), contrôle de plus en plus de choses dans le monde réel en profitant du lien entre celui-ci et le Wired (comme la circulation des voitures, cf. le bulletin d'informations à ce sujet). Je maintiens tout de même qu'il peut s'agir d'une hallucination de la part de Mika, une hallucination pourquoi pas… collective ? (Allez, on note "hallucination collective" quelque part, ça resservira plus tard).

On retrouve les trois amies de Lain dans un fast-food pour une nouvelle scène d'explications qui laisse cependant énormément de questions en suspens (relatives aux Knights, notamment). Puis l'alternance Wired/réel déstabilise encore un peu plus : les scènes de blabla métaphysique dans la chambre de Lain aiguillent vers des motifs précis dans les scènes (plus ou moins) réelles. La chair comme confirmation de l'existence, par exemple. Juste après son évocation par les faux parents de Lain, Mika semble douter de l'authenticité de sa famille au cours d'un repas. Elle interroge alors sa sœur sur sa présence supposée à Shibuya mais celle-ci ne semble pas comprendre, validant quelque peu la théorie de l'hallucination. La présence patente des (faux ?) parents autour de cette confrontation verbale face to face (voir le verre d'eau tendu par la mère à son époux qui raccorde un plan sur Lain à un plan sur Mika) renforce cette ambiance déréalisante autour de Mika.

Toujours au cours du repas, le reflet du verre d'eau dans les yeux de Mika rappelle la cuillère de Lain dans le Layer 01, ce qui constitue un retour en arrière temporel et n'a rien d'innocent. En effet, Mika se retrouve tout de suite après au beau milieu de la route, à la place de Lain quelques heures plus tôt, puis au fast-food à la place d'Alice et compagnie. Le spectateur assiste semble-t-il à des distorsions du temps et de l'espace causées par l'interférence entre le Wired et le monde réel. Tiens, Distortion, justement le titre de ce Layer, comme ça tombe bien.

Après la téléportation de Mika sur la route, une vue aérienne montre la jeune fille située sur un grand symbole, celui des Knights (obscur à première vision mais confirmé par la suite) que l'on devine ainsi responsables de ce qui va lui arriver. L'état de fatigue physique et nerveuse qu'elle semble éprouver indique que contrairement à Lain, l'esprit de Mika ne peut pas accepter l'interférence qui se manifeste sous ses yeux (entre autres par la disparition soudaine des gens au fast-food).

Nouveau brouillage de l'écran. Mika récupère dans les toilettes du fast-food mais ne tarde pas à se retrouver au centre d'une scène d’horreur classique : lumière qui s'éteint, porte qui claque, lettres de sang… Puis de retour chez elle, elle tombe nez à nez sur… elle-même, dans une typologie échappée du western (duel face à face et à une certaine distance). Mais nul besoin d'armes ici pour supprimer l'adversaire, l'effacement de Mika du monde réel survient lors d'un simple enchaînement de plans doublé d’un flash blanc. Lain, définitivement reliée d'une certaine façon au Wired, verra quand même le spectre numérique de sa sœur dans l'entrée de l'appartement, avant de laisser place à la fausse Lain en réalité coupable de la disparition de Mika (avec le concours des Knights, donc). Pourquoi tant de haine ? Je pense que Mika commençait à avoir trop de doutes sur sa famille pour que les Knights / la fausse Lain / Masami Eiri (difficile de trancher) décide de la remplacer par une autre "actrice" (ce qui voudrait dire que Mika, quoique consciente du jeu autour de Lain, croyait être à tort la fille de monsieur et madame Iwakura).


LAYER 06 : KIDS

"Si les gens étaient reliés, même la voix la plus faible deviendrait forte. Si les gens étaient reliés, même la vie s'allongerait. Pour cela…"

L'introduction (toujours par la voix d'Alice) prend littéralement la suite de celle du Layer 05. Elle colle de plus assez bien au discours de Masami Eiri au début du Layer précédent. Le "Pour cela…" évasif permet d'annoncer implicitement le sujet principal de ce sixième épisode. Ecran-titre : KIDS.

Ouverture dans la chambre de Lain, qui devient peu à peu l'antre de sa bête : son Navi mutant qui parasite progressivement l'espace autour de lui. "COMA" s'affiche sur l'écran, décrivant l'état de transe dans lequel se trouve parfois Lain, enfoncée loin dans le sommeil social du Wired, pratiquement privée de ses dernières attaches au monde réel. Quoi qu'il en soit, Lain tchate désormais avec les Knights qu'elle appelle ses amis, dans une projection virtuelle vide de tout décor et de tout repère. Ce blanc immaculé relie tout naturellement cette scène avec le décor maintenant habituel de l'extérieur de la maison que Lain traverse à nouveau juste après. Sauf qu'elle y voit un enfant lever les bras vers le ciel. Encore un truc bien lynchien pour nous égarer ? Oui mais non : le spectateur comprendra rapidement le lien qui existe entre Lain, les Knights et les enfants levant les bras au ciel. Cet enchaînement l'annonce de façon anticipée. Notons qu'à la fin de la scène dans la rue, la "caméra" effectue un lent zoom avant sur le ciel que regardait l'enfant. Rien d'inhabituel mais le zoom attire l'attention sur une intersection entre deux réseaux de câbles électriques. S'agit-il ici d'insister sur une nouvelle interférence possible ? Sur un croisement de plus en plus fréquent des deux Lain ? Un symbole christique prémonitoire (croix chrétienne formée par les câbles) ? Et puis d'abord, l'enfant regardait-il seulement ce détail ?

Au collège, Lain poursuit sa quête de sociabilité et Alice s'en inquiète (toujours paradoxal), particulièrement lorsqu'elle apprend que Lain a un "secret". La nouvelle attitude de Lain porte en tout cas ses fruits comme le prouve la sortie shopping qui suit. Pour la première fois, Lain apparaît aussi branchée que ses amies, vestimentairement parlant. Elle paraît même prête à prendre du plaisir dans cette sortie, acte purement social, jusqu'à ce que les enfants ne la perturbent à nouveau. La décomposition de son mouvement de tête au sortir d'un magasin illustre ainsi parfaitement l'intrusion de l'irrationnel et de l'étrange du Wired dans le réel. La "caméra" suit en effet le visage de Lain sur neuf plans, dont deux pour souligner le retournement de sa tête, étayés par une vitesse ralentie des personnages alentours et d'une absence totale de bruitage ou de musique. Survient alors l'apparition "divine" de Lain dans le ciel, en tenue d'Eve (imagerie biblique). Les enfants la voient, donc, mais Alice aussi et, à en croire les voix hors cadre à ce moment, la plupart des gens. Repensez maintenant à la notion d'hallucination collective abordée au cours du Layer 05. Réfléchissez au concept de Dieu dans le monde réel.

*Engrenages qui tournent dans la tête*

Dieu, le Paradis, l'Enfer… des croyances collectives et par définition, consensuelles. Le monde réel : une vision que nous partageons tous autour d'une représentation commune (évidemment variable en fonction de la sensibilité et de la perception de chacun). Le Wired : une hallucination consensuelle, fonctionnant comme la Matrice dans le Neuromancien de William GIBSON *cf. L'apparition de Lain dans le ciel à la manière d'une déesse nous en dit déjà énormément à ce stade de la série.

Hallucination collective, disions-nous ?

Retournons-y. Première véritable plongée pour le spectateur dans le Wired, "lieu" métaphorique aux décors très dépouillés et aux personnages symboliques (comme cette improbable bouche géante). Le vocabulaire employé dans ce monde rappelle sans problème le jargon informatique : "Tu as fait un search", "result" etc. Lain aboutit donc sur une image du professeur Hodgson et débouche bon gré mal gré sur son… site perso ? Moui, ou quelque chose dans le genre. La voilà donc sur une immense terrasse flottant au dessus des nuages sur fond de crépuscule (encore une métaphore, le professeur étant pour ainsi dire au crépuscule de sa vie), au côté de l’homme qui mena quinze ans plus tôt "l'expérience Kensington" (possible référence à Peter Pan de James Matthew BARRIE, d'autant plus probable au regard de The Little Bird, spin-off de Peter Pan qui se déroule en partie dans "les jardins de Kensington" ; et cohérent lorsqu'on songe que les enfants du projet KIDS n'ont jamais atteint l'âge adulte).

Dans la séquence qui suit, le professeur (du moins sa mémoire) raconte l'histoire de KIDS à Lain, dans une mise en scène qui recrée une sorte d'attraction multimédia avec enchaînements d'images, fausses images d'archives, images en 3D, textes en surimpression… Le spectateur un minimum averti ne manquera pas de relever la parenté entre KIDS et le projet AKIRA dans l'œuvre du même nom (et de Katsuhiro OTOMO), puisqu'ils se basent tous deux sur les pouvoirs psychokinésiques des enfants. L'explosion de l'énergie concentrée par ces pouvoirs fait également écho à l'histoire de Kaneda et Tetsuo. Après avoir donné lieu à un échec, le programme du projet KIDS atterrit à la poubelle mais quelqu'un l'aurait récupéré puis propagé dans le Wired. Quinze ans plus tard, certains s'en servent pour le mal. Lain désigne ces utilisateurs à la toute fin de la séquence pour ceux qui n'auraient pas compris d'eux-mêmes : les Knights. On peut alors penser a posteriori que ce programme aurait servi aux Knights pour leur piratage de PHANTOMa, ce qui expliquerait l'apparition d'enfants dans un jeu violent et finalement meurtrier. On peut également supputer (pour changer) que Masami Eiri a utilisé KIDS pour mettre au point son Protocol 7. A supposer que Lain est née du flot d'informations circulant dans le Wired (ce que je ne crois pas personnellement), cela justifierait ses pouvoirs psychokinésiques montrés à la fin du Layer 04.

Pour en finir avec la séquence KIDS, les derniers mots du professeur Hodgson avant de disparaître (mourir ?) disent ceci : "Mon souhait s'est enfin exaucé". On croit comprendre que son entrevue avec Lain y est pour quelque chose. Là encore, cela sous-entend que Lain descend du projet KIDS, puisque le professeur constate les pouvoirs et les bonnes intentions de Lain comme s'il voyait enfin devant lui un résultat positif à son expérience maudite.

Retour dans l'antre du Navi. Celui-ci paraît de plus en plus vivant comme en témoignent les écrans holographiques qui répondent au doigt et à l'œil à Lain, retournant dans la niche machine sur son ordre. Remarquant la présence des deux MIB sous sa fenêtre, Lain sort de chez elle et une explosion retentit dans sa chambre. Selon les deux agents qui ont attiré son attention pour l'obliger à sortir à l'abri, les Knights, après avoir voulu endormir Lain en s'attirant sa sympathie, ont pris peur de sa découverte sur KIDS et ont envoyé dans son Navi une "bombe parasite".

To be concluded...

Laurent Camite

Fiche technique

- Origine : Japon – Couleurs – 13 épisodes de 24 mn env.
- Première diffusion au Japon : juillet à septembre 1998.
- Date d'arrivée en France : 2001 (sur Canal +).
- Production : Pioneer LDC.
- Réalisateur : Ryutaro NAKAMURA.
- Scénario : Chiaki KONAKA.
- Chara Design : Yoshitoshi ABe.
- Doublage VO : Kaori SHIMIZU (Lain Iwakura), Yoko ASADA (Alice Mizuki), Sho AYAMI (Masami Eiri)…
- Musique : Reiichi "CHABO" NAKAIDO.
- Sortie DVD : Edités par Manga Distribution.
- Lien Internet : http://www.wired.free.fr (non officiel).

 

"Si personne ne se souvient de ce qui s'est passé, alors cela ne s'est jamais passé"

In Lain