Disney
et les jeux vidéo...
la grande
époque des 16 bits

Déjà
présent sur les consoles 8 Bits de première génération,
avec des jeux excellents (tel que Castle of Illusion sur Master System),
Disney s'est véritablement imposé comme une perle vidéoludique
dans le domaine des jeux de plates-formes, avec son associé Sega
et la Megadrive.
Aujourd'hui
perdus dans la masse, les quelques jeux Disney font piètre mine
face à des Donkey Kong 64 (N64) ou autres Ape Escape (PSOne).
SEGA-NINTENDO : MEME COMBAT ?
En
1990 donc, Disney lance une adaptation de son Castle of Illusion sur
la 16 Bits de Sega. Sans atteindre les performances purements techniques
de l'original dans lequel les phases de plates-formes étaient
tout simplement jouissives, ce petit bijou rattrape cette lacune par
des graphismes et une ambiance particulièrement travaillés,
ainsi que par une présentation digne d'un dessin animé,
avec une fin véritablement bluffante pour l'époque.

Castle
of Illusion (MD)
Ainsi
Disney s'impose comme le garant de l'esprit plates-formes bon enfant
sur la première console "adulte" de Sega, permettant
à ce dernier de rivaliser avec la Super Nintendo qui, grâce
à sa grande palette de couleurs et à une marque de fabrique
Nintendo, se faisait la privilégiée de ce genre.
Si
Disney collaborait étroitement avec Sega, l'éditeur ne
négligeait cependant pas la console du rival, en déléguant
la programmation à un éditeur-tiers : Capcom. Ainsi sortit
Magical Quest, un Mickey qui avait tout à envier à celui
de la Megadrive tant son gameplay était basique et trop classique.
Et
si l'on compare les différentes productions Disney de l'époque
chez Sega et celles de leurs délégués chez Nintendo,
on ressent très clairement l'atout d'avoir les développeurs
Disney à ses côtés pour Sega :
-
en effet, Quackshot, pur bijou d'ambiance et de gameplay (avec un petit
penchant RPG), permettait aux possesseurs de Megadrive de diriger un
Indonald Jones tout bonnement éclatant, personnage inexistant
chez les comparses de MIYAMOTO.
-
d'autre part, World of Illusion fut le premier vrai jeu de plates-formes
jouable à deux simultanément, et d'une diversité
proprement hallucinante pour l'époque : ainsi un certain nombre
de niveaux étaient différents selon que l'on joue seul
avec Mickey ou Donald. Ces niveaux étaient également différents
lorsqu'on jouait à deux... Et il existait de plus trois fins.
-
mis à part ces trois jeux à l'ambiance de "dessin
animé inédit" (avec intros et fins délectables),
Disney a produit et réalisé un certain Aladdin [entièrement
programmé par David Perry, à qui l'on devra plus tard,
entre autres, Earthworm Jim ou MDK - ND Pierre, rédac chef],
adapté du film d'animation du même nom, sur Megadrive,
réalisant un nouveau chef-d'oeuvre graphique et ludique et un
pied-de-nez à Nintendo. De fait, l'adaptation par Capcom du film,
sympathique, fut un jeu encore plus classique que le plus classique
des jeux de plates-formes. Sans blague. Et graphiquement le jeu, disposant
pourtant des énormes capacités d'une machine sur laquelle
ont tourné les trois Donkey Kong Country, était cent fois
moins joli que son "équivalent" Sega. Equivalent, vraiment
pas car le jeu MD partait du principe de respecter un maximum l'évolution
du dessin animé, avec des niveaux graphiquement très proches
et basés sur l'histoire originale, alors que le jeu Capcom ne
respectait que le minimum : c'est-à-dire l'univers avec des décors
plus ou moins identiques à ceux du film.
32 BITS : THE LOST GENERATION ?
Avec
l'arrivée de la Saturn et les espoirs que Sega avait mis derrière
elle, il semble que l'éditeur ait omis de renouveler ses accords
avec Disney, jugeant peut-être qu'il n'avait pas besoin de soutien
dans le domaine de la plate-forme, tant il était en avance technologiquement
sur son rival, ou désirant sciemment abandonner définitivement
les jeux enfantins...
Quoiqu'il
en soit, Disney a alors fait le choix de développer pour toutes
les plates-formes. Aussi, bien avant la PlayStation la firme sortait
le Roi Lion sur MD et SNIN dans une version identique, ne laissant plus
comme seul privilège à Sega (contrat oblige) que l'honneur
d'avoir la version originale programmée chez Disney, tandis que
Nintendo devait se contenter d'une copie (cela dit très réussie).
Ce jeu, à l'image pour certains du film, fut une des dernières
créations digne d'intérêt de la marque de la souris
aux grandes oreilles.
Cependant,
on pouvait déjà ressentir une légère faiblesse
de la part de l'éditeur, qui proposait un soft agréable
mais plus vraiment transcendant (la deuxième moitié, censée
renouveler l'intérêt en proposant de diriger Simba adulte,
était trop dure et surtout répétitive : pourtant,
Capcom ne s'en était pas occupé...).

Mickey
Mania (MD et SNIN)
D'une
façon similaire, Mickey Mania sortit sur les deux supports. Pourtant
on eut le droit à un vrai jeu, selon moi véritable happy
end pour Disney dans le domaine vidéoludique. Et là,
les différences entre la version MD et celle de la SNIN étaient
flagrantes : les graphismes étaient globalement plus lêchés
chez Sega (si, si !), avec des effets 3D dignes du mode 7 de la console
Nintendo et un manque de couleurs caractéristique de la MD, rattrapé
par des jeux de teintes beaucoup plus travaillés que chez Nintendo.
Et, surtout, le jeu de la SNIN chargeait (!) entre les niveaux avec
à l'écran Mickey qui répétait indéfiniment
le geste qu'il faisait lorsque le joueur le laissait inactif (geste
fun de prime abord mais qui, vu et revu entre chaque niveau,
devenait irritant au point qu'on redoutait de laisser le personnage
seul).
DECENNIE
2000 : UN NOUVEL ESPOIR ?
Ainsi,
Disney fut à l'apogée de son art dans le domaine des jeux
vidéo durant la première moitié des années
90...
Et
lorsque l'on se penche sur les quelques joyaux interactifs que nous
a pondu Disney à cette époque, un parfum de nostalgie
s'exhale et on est tenté de dire que le récent Couack
Attack de la Game Cube, premier jeu exhibant Donald chez Nintendo, ne
ressemble en rien à ce que Disney était capable de nous
offrir émotionnellement, mais s'apparente plutôt à
un clone de Crash Bandicoot, c'est-à-dire un jeu sans âme
reposant sur le seul principe de l'esthétique visuelle, un peu
comme certaines des dernières créations Disney au cinéma,
une sorte de produit baignant dans les engrenages commerciaux et n'ayant
d'autre prétention que de rivaliser avec les autres produits
de la même catégorie, sans aucune réelle volonté
de faire voyager le destinataire... Et le simili-RPG Kingdom Hearts
(PS2) ne m'inspire pas davantage quant au retour de la magie d'antan...
Kingdom
Hearts (PS2)
Disney
est mort, vive Disney !
Guillaume Briquet
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"Lorsque
l'on se penche sur les quelques joyaux interactifs que nous a pondu
Disney à cette époque, un parfum de nostalgie s'exhale"
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