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Dis-moi
ce que tu fous là,
Signe d'un profond mal être ou d'un désespoir total, certains films semblent parfois être le fruit de réalisateurs en mal de vivre, traversant une période trouble faite de questions existentielles, qui semblent transpirer à l'écran. Trêve de plaisanteries, comment en effet imaginer un instant qu'on puisse mettre en chantier de véritables films d'animation (avec ce que cela suppose d'enjeux financiers, de mobilisation de studios, de temps passé sur la réalisation, etc), pour au final donner une oeuvre à peine digne des Bidasses en folie ou des Charlots font l'Espagne, le côté "comédie potache assumée" en moins... ? De
A à Z, Frames propose donc une première approche de ces
nanars cinématographiques, où le pire cotoie le vraiment
désespérant. Parfois pourtant, comme nous allons le voir,
les apparences sont trompeuses : car sans être révolutionnaire,
Balto se laissant ainsi regarder avec un certain plaisir (certes éphémère).
Mais que dire d'Excalibur, l'épée magique, calamité
sans nom ? Ou d'Histoires de Fantôme Chinois, transposition animée
ratée de films live pourtant brillants ? Sans parler des suites
disneyennes sans imagination, du Bossu 2 à Buzz l'éclair
- le film (seul Le Roi Lion 2 arrive à sauver la mise)... Mais
commençons par voir les trois principales sources d'inspiration
constatées pour ces adjuvants. Le public enfantin est de plus en plus soucieux de qualité, et certaines séries animées pour la télévision ont rehaussé d'un cran le standard exigé. Des Contes de la rue Broca (supervisés par l'écrivain Gripari) ou Petit Potam, aux délirants Oggy et les cafards ou les Zinzins de l'espace, la qualité est aujourd'hui au rendez-vous, et il n'y a plus de place pour certaines productions hasardeuses diffusées sur TF! (Kangoo, les Graffitos) ou M6 Kid (la famille Delajungle, les Marchiens). Proposer de nouveaux concepts et/ou de nouveaux personnages totalement inédits est donc souhaitable, encore faut-il un minimum de talent et d'inventivité. La série Micha-Michien introduit ainsi un être hybride, mix de deux animaux réputés ennemis, et en l'occurrence voici une idée audacieuse, qui a payé. Mais pour une idée sympathique, combien de concepts stupides mettant en jeu la crédibilité d'un studio, auprès du public averti... ? Aussi lorsque cela s'étend aux productions de plus grande envergure (entendez par là les longs métrages), on peut parler de suicide programmé. Rock'O Rico (1992) est un exemple parmi tant d'autres. Présenté comme un hommage au King, quelle idée de mettre en vedette un coq crooner ? Les 3.291 entrées Paris ne sont du reste pas étonnantes... Le laisser seulement quatre semaines à l'affiche, ça n'est pas non plus innocent de la part des distributeurs !
Par
respect pour les séries, les studios d'animation devraient dans
ce cas s'abstenir. Si l'on s'en tient aussi aux séries télévisées,
le bilan n'est pas brillant, entre une première série
de Tintin ratée, et des Lucky Luke soporifiques. Mais, lentement,
les choses ont évolué, et les projets ne semblent aboutir
désormais que si "qualité et fidélité"
sont assurées. Repris par Ellipse/Nelvana dans les années
90, le blondinet d'Hergé a depuis retrouvé de bonnes couleurs,
et Lucky Luke version 2001 a su transcender la série d'origine.
Les dernières séries adaptées de la bédé
ne sont pas en reste, de l'excellent Titeuf au sympathique Cédric,
en passant par la délicieuse Agrippine. Mais là aussi,
quelques ratés sont notables, la maison Dupuis se vantant peu
des adaptations de Papyrus et Billy the Cat... Le
même Pixar qui fit une entorse à la règle, en signant
une suite à Toy Story aussi bonne, voire même franchement
meilleure que l'original. Destiné à l'origine pour le
seul marché vidéo (idée vite écartée
au vu du scénario solide et des trouvailles à foison),
la sortie salles d'un produit à l'origine OAV semble donc n'être
poussé que par sa qualité intrinsèque. On peut
donc légitimement s'inquiéter pour le prochain Dumbo 2,
alors que Peter Pan 2 a droit pour sa part à une sortie salles
! La firme de la souris aux grandes oreilles n'est donc pas dupe sur
la qualité de ses OAV, simples sources de revenus financiers,
honteux. Et, ainsi, seuls ceux susceptibles de redorer un peu le blason
de la firme ont les honneurs d'un réseau de distribution beaucoup
plus large. Dans le cas précis des suites fades et même
révoltantes (qu'aurait pensé Victor Hugo du Bossu 2 ?),
on voit donc bien que Disney a conscience de la pauvreté scénaristique
et esthétique de ces productions mineures, mais ne fait rien
pour enrayer la machine... D'autres
exemples du même acabit ? Après tout, pourquoi s'en priver...
"Dans une forêt merveilleuse règne un cruel oiseau
de proie. Deux petits oiseaux, Oliver et Olivia, organisent la résistance.
Les autres oiseaux hésitent. Les deux compagnons rencontrent
alors deux souris dont la mère a été croquée
en guise de dessert, par le rapace. Ensemble, ils tentent d'attirer
leur ennemi dans un piège..." (Oliver et Olivia). Passionnant.
Autre résumé : "Les petits poneys préparent
le festival du printemps dans la joie et la bonne humeur. Les bébés
poneys répètent leur numéro avec Léo le
Dragon au piano, avant la grande représentation" (Mon Petit
Poney, le film). Quels enjeux dramatiques ! Le meilleur pour la fin
? "Les Jellabies sont des petits personnages attachants et joyeux,
aux couleurs acidulées. A l'appel de la sirène, les gentils
Jellabies fabriquent des arcs-en-ciel. Quand ils ne travaillent pas,
nos amis aiment partir à l'aventure, mais aussi s'amuser"
(les Jellabies). Pitié, arrêtons de nous torturer avec
ces histoires sans queue ni tête ! Ces exemples de nanars, à
valeur pragmatique, entérinent toutefois bien cette idée
de l'absolue nécessité d'un récit cohérent,
et intéressant (ce n'est pas non plus la mer à boire,
non ?). Le plus souvent, on distingue en fait deux catégories : soit le studio responsable du plantage est conscient de la "qualité" de son film (mais il le sort en salles pour limiter les dégâts financiers, ou, comme nous l'avons vu avec Disney, le refourgue au rayon des OAV), soit il ne s'en rend tout simplement pas compte. La deuxième raison est plus grave, c'est laisser des animateurs dans l'inconscience de leur nullité, disons les choses comme elles sont ! Nous n'incriminerons aucune équipe de développement en particulier, puisqu'après tout, c'est parfois en faisant des erreurs qu'on peut tenter de rectifier le tir par la suite... Il faut donc mettre ça sur le compte des erreurs de jeunesse (c'est autrement plus alarmant quand un studio se repose sur ses lauriers et sa gloire passée, pour engranger des bénéfices sans trop se fouler, en témoignent certaines productions Disney récentes...). Fort heureusement, on compte proportionnellement moins de navets dans le milieu du cinéma d'animation, que dans les productions live. A sa décharge, le cinéma traditionnel est en effet accessible au "premier venu" (surtout depuis la démocratisation des prix, amorcée par la DV-cam), tandis que l'Animation suppose un minimum d'efforts, d'organisation, de moyens, et surtout une équipe avec une once de talent pour le dessin. Et même lorsque l'on aborde le problème des films en images de synthèse (où avoir un bon coup de crayon ne semble plus aussi indispensable que par le passé -encore faut-il connaître les bases de l'anatomie du corps humain), les moyens exigés limitent le risque de productions navrantes. Dernier exemple en date, Jimmy Neutron : un garçon génial. Car aussi rudimentaire soit son graphisme (en regard des mastodontes Shrek ou Final Fantasy), le film est sauvé par un humour rafraîchissant, et des idées scénaristiques que l'on tient vivement à saluer. Comme quoi un premier film peut déjà être réussi, pour peu que l'on s'en donne la peine (et l'ambition). Mais dans le cinéma d'animation comme ailleurs, un film ne part pas avec les mêmes chances si d'entrée les bases fondamentales ne sont pas respectées. Ainsi, pour parler concrètement, il convient de respecter à la lettre la franchise Tintin si l'on veut faire un long métrage réussi (on attend encore une transposition digne de ce nom de l'oeuvre d'Hergé). On peut certes s'autoriser quelques écarts si le passage au grand écran l'exige, encore faut-il le faire en accord avec les descendants légaux. Ainsi, les divers films mettant en scène Astérix et ses comparses ont été supervisés par feu Goscinny et Uderzo. Ils n'en sont pas moins affligeants, et restent une énigme pour le cinéphile amateur de bandes dessinées. Reste à se rabattre sur la version live beaucoup plus réussie d'Alain Chabat... A
ce sujet, un mot sur la bande dessinée (très liée
à l'Animation) et le cinéma, qui font rarement bon ménage
également. Les premiers films de Tintin sont d'un kitsch assez
effrayant -le mot n'est pas trop fort-, et il vaut mieux passer sous
silence le Lucky Luke avec Terence Hill ou le premier Astérix
de Claude Zidi (seuls les comics s'en sortent mieux, avec le X-Men de
Bryan Singer, ou le très attendu Spiderman de Sam Raimi, ou l'Hulk
de Ang Lee...). Mais le pire reste les collaborations "étroites".
Que d'efforts investis, avec une bonne volonté certaine, de la
part du talentueux Régis Loisel (Peter Pan) et de Vince (Cortex),
pour le navrant Petit Poucet d'Olivier Dahan ! Le mieux reste encore
parfois les transpositions animées, en atteste le tout récent
Bécassine, en attendant l'arlésienne Corto Maltese en
Sibérie... Illégales,
elles ne représentent pourtant pas un grand danger pour la firme,
sauf lorsque ces productions faites de bouts de ficelle osent mettre
quelques-uns de leurs titres en kiosques, à côté
des titres originaux ! Une véritable provocation, pour des films
sans intérêt, pas même vraiment qualifiables d'OAV,
et pas plus diffusables à la télévision (qui désire
garder une certaine décence). Fort de toutes ces constatations, il n'y a pas de quoi se réjouir, mais pas non plus de quoi tirer la sonnette d'alarme. Les productions navrantes existent, et le contraire eut été étonnant. Parfois on préférerait quand même être épargnés par certains films, comme le Japon sait nous en faire grâce (il y existe aussi des centaines de longs métrages d'une nullité évidente, mais la distance fait que seuls les chefs-d'oeuvre -à une ou deux exceptions près- passent nos frontières). Visiblement en tous cas, aucun pays ne semble être à l'abri, et l'on pourrait croire à une concurrence du "toujours plus insipide". Du Château des Singes à Heavy Metal 2000, de Charlie à Joseph (la suite du Prince d'Egypte), de Carnival à Pocahontas, sans omettre Excalibur - l'épée magique, Le Cygne et la Princesse ou Titanic - version animée, les nanars sont légion, et parfois la sensibilité de chacun n'est pas de mise. Un nanar est souvent un nanar, objectivement. Ils
permettent néanmoins de faire une classification entre le grain
et l'ivraie. On peut leur être reconnaissant de s'abstenir de
toute promotion trop appuyée, leur existence étant déjà
amplement suffisante. De plus en plus, le standard de qualité
exigé est élevé, les vocations sont encouragées,
et les vrais animateurs seront les personnes persistantes et acharnées,
toujours plus exigentes avec elles-mêmes, et plus respectueuses
d'un public désormais aguerri, qui n'aime pas être pris
pour ce qu'il n'est pas. LIENS INTERNET -
www.nanarland.com
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"Signalons
que le fait de considérer un film comme relevant du nanar n'a rien,
a priori, de péjoratif. La nullité peut en effet convoquer la jouissance
burlesque"
"La
notion de nanar est née de conditions de productions particulières et
d'un genre précis. Elle a vu le jour autour d'un certain nombre de films
français réalisés des années 30 à 50 avec des budgets insignifiants,
dans le genre de la comédie"
"Apprécier
un nanar à sa juste valeur n'est pas au départ donné à tout un chacun.
Le nanar appelle une attitude, des réflexes. Il peut parfois se cacher
derrière un film qui se voulait originellement sérieux, trop sérieux.
L'amateur de nanars est donc un chasseur de primes. Sa quête ne s'arrête
jamais. N'oublions pas qu'à tout moment, les nanars nous guettent..." |
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