Vincent
Patar et Stéphane Aubier

Deux
drôles de bonhommes que PATAR et AUBIER. Nés tous deux
en 1965, ils ont également cela en commun d'être diplômés
de la Grande Distinction de l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Visuels
de la Cambre à Bruxelles (un atelier de cinéma d'animation réputé).
Logique, tous deux s'étaient rencontrés
à l'école Saint-Luc de Liège et avaient dès lors scellé
leur destin en poursuivant leurs études étroitement.
Sitôt
celles-ci achevées (ils ont pu s'essayer à diverses techniques
expérimentales -leur
film de fin d'études fut réalisé avec des figurines en
papier),
les deux belges purent concrétiser leur passion commune pour
l'Animation, prenant volontairement le contrepied de l'Ecole Disney.
Ils façonnent peu à peu tout un univers fantasmagorique
dans la veine absurde d'un Chuck JONES. Unissant
leurs efforts, ils créent conjointement un premier court-métrage
réunissant les personnages créés par l'un et l'autre.
En résulte un court de 13 minutes, Pic Pic André Shoow
(1988), qui remporte d'emblée un vif succès dans les festivals
et lors de la diffusion télévisée.
Suivent
quelques nouveaux galops d'essai (Saint-Nicolas chez les Baltus,
Babyroussa...), puis à partir de 95 trois autres courts
reprenant les personnages-clefs de Pic Pic et André (numérotés
de 1 à... '4-1', Pic Pic André Shoow pouvant être
considéré comme un n°0). Cette série
gravement déjantée et furieusement drôle met donc en scène Pic
Pic le cochon
Magik
et André le mauvais cheval. D'une irrévérence jubilatoire, le graphisme
est pour le moins minimaliste, épuré jusque dans les décors, eux-mêmes
quasi-inexistants
(la devise du duo PATAR-AUBIER est d'ailleurs très claire : "le
dessin au service de l'histoire").
L'essence réside essentiellement dans l'humour impayable -involontaire
?- des protagonistes. On peut ou pas adhérer à l'humour non-sensique
et outrancier de Pic Pic et André (et de leurs amis), mais impossible
de ne pas succomber au charme de ces personnages de celluloïds, aussi
anecdotiques dans l'histoire de l'animation qu'indispensables de par
leur statut à part. Une curiosité francophone qui doit se déguster sans
retenue, avec plusieurs visionnages de préférence (après la suprise
du premier visionnage, devant tant d'incongruité, le rire l'emporte).
A noter que nos compères sont de grands amateurs de rock et de
jazz, et qu'à ce titre il n'est pas surprenant qu’un groupe comme
Aka Moon ait composé la partie musicale d’un de leur court-métrage.
Pic
Pic et André, les deux seuls toons à l'accent wallon à
l'heure actuelle, sont
définitivement entrés
dans la légende du cartoon,
à l'instar d'un Ecureuil fou ou d'un Woody Woodpecker.
LES
PRODUCTIONS DU PLAT PAYS
Retraçons
rapidement les productions majeures du duo, en précisant les
récompenses reçues par les plus remarquées...
Pic Pic André Shoow (1988) -13'
- Animation traditionnelle.
- Prix pour l'animation
au Festival de Bruxelles 89. Sélection officielle au Festival d'Annecy
89. Participation à de nombreux festivals : Belgrade, Lucca, Montréal,
Bordeaux...
Saint-Nicolas
chez les Baltus
(91) -5'
-
Technique
des papiers découpés animés.
Panique
au Village
(91) -4'
-
Technique
des objets
animés.
Inspecteur
Mémo
(91) -4'30
-
Animation traditionnelle.
Tout l'Amour (91) -2'30
- Marionnettes et pâte à modeler (sur une
chanson de Dario MORENO).
Babyroussa, the Babiroussa (91) -5'
- Animation
traditionnelle (crayon
sur papier).
- Prix
des Parents au Festival Média 10/10 de Namur 1991, Mention spéciale
du Jury des Jeunes au festival de Bruxelles 1992.

Babyroussa
est un... babiroussa. Bah oui.
Le
Voleur de Cirque
(93) -13'
-
Animation
traditionnelle. Co-réalisé avec
Benoît MARCANDELLA.
- Prix José Abel
du meilleur film européen au Festival, Cinnanima 1993 à Espinho (Portugal).
Pic Pic André Shoow - The First (95) -7'07
-
Compilation de trois aventures de Pic Pic et André (Pic Pic aide Oiseau
à remonter dans son nid, Coboy veut noyer André le Mauvais Cheval, et
Bill Dany s'amuse avec son avion télécommandé).
- Animation
traditionnelle.
- Prix de la Communauté
française au Festival Média 10/10
de Namur, Prix du public au Festival de Bruxelles, Prix pour l'Animation
à Mons, sélectionné pour le Festival du Dessin Animé de Bruxelles et
de nombreux autres : Montréal, Toronto, Villeurbanne, Charleroi, Pantin,
Animac (à Lleida -Espagne), Villa Do Conde (Portugal), Albany
(Etats-Unis), Cleveland...
Pic Pic André Shoow - Le deuxième (97) -11'30
-
Compilation de quatre aventures de Pic Pic et André (Pic Pic et l'auto-stoppeur,
Coboy ranime André, Deux Ours et un ballon, et Pic Pic et André réveillonnent).
- Animation
traditionnelle.
- Prix du Public
au Festival Média 10/10
de Namur, sélection au Festival de Bruxelles,
Animac (à Lleida), Annecy, Cleveland, I Castelli Animati (Italie),
Leuven, Murphy's Cork Festival (Irlande), Roaratorio (Paris / Berlin)...
Les
Baltus au Cirque
(98) -6'40
-
Technique
des papiers découpés animés.
- Sélection au
Festival de Bruxelles, à
Vila do Conde, Charleroi, le Fantastique
de Bruxelles, le Film Francophone de Namur, Cologne, le Media
10/10 de Namur, Sydney (Australie)...
UFO boven Geel (99) -12'
- Documentaire/fiction.
Co-réalisé avec Vincent TAVIER.
- Grand Prix du
documentaire de Media 10/10 à Namur.
Pic Pic André Shoow - 4 moins 1 (99) -13'
-
Compilation de quatre aventures de Pic Pic et André (Coboy cherche de
l'or et André vient l'ennuyer, Transformator casse la maison de Pic
Pic, André trahit son ami Coboy pour de l'argent, Dany participe à un
stage de poterie).
- Animation
traditionnelle (sur
papier -DAAO).
- Sélection au
Festival
de Bruxelles,
le
Media 10/10 de Namur, le Festival
du Film Francophone de Namur, à Vila do Conde, Drama, Rome, Bilbao,
Vendôme, Genève, l'Etrange Festival Paris et Strasbourg, le Premier
Plan à Anger, Brest, le Cine 'Eco (Seia -Portugal)...
LA
MAIN A LA PÂTE
Aujourd'hui,
le duo vient de boucler Panique, une série en stop motion
(technique de l'image par image) réalisée au récemment créé
Studio Pic Pic André, en seulement 14 mois et par neuf personnes (dont
les deux auteurs), pour un coût de 900.000 €. L'idée est
venue aux deux joyeux drilles en revoyant presque par hasard un de leurs
courts des débuts, Panique au Village (91). Ce sketch
débilissime -donc jouissif-, leur a inspiré un pilote
de série intitulé Panique à la cuisine (sic). Enthousiastes
à la vue de celui-ci, les producteurs Vincent TAVIER et Philippe
KAUFFMANN ont alors achevé de convaincre la Communauté française
de Belgique et Promimage de financer le projet... D'apparence simpliste,
la série Panique a pourtant nécessité beaucoup de travail
et de patience, notamment au niveau des prises de vues (tournage effectué
avec des appareils photos digitaux, puis image retravaillée sur After
Effects).

La
trame de cette série de 20 épisodes de 5 minutes est par
contre d'une simplicité désarmante : Indien, Cow Boy et
Cheval (c'est leur nom) cohabitent ensemble dans une maison bien confortable.
Mais leur entente n'est pas toujours au beau fixe et il leur arrive
des histoires avec les voisins Fermier, Robin ou Gendarme... Action
tous azimuts et humour non-sensique au programme ! Basé sur le
principe de l'animation en volumes, les jouets de ces improbables protagonistes
du far-west plongés dans la campagne française proviennent
de... brocantes, tout simplement ! Les animateurs ont récupéré
plusieurs modèles des mêmes personnages proposant différentes
postures (pour ce que l'on appelle les positions-clés), et ont ingénieusement
eu recours à quelques astuces pour diversifier les étapes
de l'animation (inventant des positions inexistantes ou modifiant très
légèrement le physique d'un des personnages). Pour ce qui est des dialogues,
les animateurs ont eu recours à d'incompréhensibles borborygmes,
se mettant eux-mêmes à contribution et invitant des membres
de leur 'famille' : Fred JANNIN, Bouli, Christian HECQ ou le désopilant
Benoît POELVOORDE. Même régime pour les autres composantes
de la production, avec Bernard PLOUVIER à la musique (le monsieur
étant un habitué des productions du duo), et un générique
différent pour chaque épisode (le D.J. Chazam brodant une nouvelle
partition inspirée étroitement du scénario). Une
série déconseillée aux cardiaques, esprits étriqués et autres
pince-sans-rire, témoignant de la conversion
réussie du couple PATAR-AUBIER qui, après avoir fait ses preuves
dans le registre de l'animation 'traditionnelle', excelle dans l'art
de l'animation en volumes.
HENNIR
DE PLAISIR !
Après
s'être gondolée devant les délires absurdes de Tex
AVERY puis Matt GROENING, l'univers de Vincent PATAR et Stéphane
AUBIER a tout naturellement conquis toute une génération
de spectateurs sevrés au non-sens assumé. L'humour des
productions du duo passe principalement dans le visuel et le comique
des situations, poussées à l'extrême. Quoique le postulat est parfois
d'une telle bêtise qu'il prête inévitablement à rire (Dany et son stage
de poterie...). Mais après avoir vu Pic Pic André, vous comprendrez
aussi tout le sel de cette simple réplique : "Andrééé ! Ça va ?"...
(accent wallon inside)
Humour
typiquement belge, graphisme rappellant la grande époque des délires
de la Warner et des Tex AVERY... Pic Pic André et la récente
série Panique sont incontestablement des OVNI animés, mais surtout
de vraies curiosités, rafraîchissantes.
Gersende
Bollut

Filmographie
Courts-métrages en commun
-
Pic Pic André Shoow (1988)
-
Le Voleur de Cirque (93)
-
Pic Pic André Shoow - the First (95)
-
Pic Pic André Shoow - Le deuxième (97)
-
UFO's boven Geel (99)
-
Pic Pic André Shoow - Quatre moins un (99)
Vincent PATAR seul
-
Tout l'Amour (1991)
- Babyroussa, the Babiroussa (91)
Stéphane AUBIER seul
-
Saint-Nicolas chez les Baltus (1991)
-
Panique au Village (91)
-
Inspecteur Mémo (91)
-
Les Baltus au Cirque (98)
Lien internet
- http://www.picpicandre.be
PATAR
- AUBIER : L'INTERVIEW
Lors
du dixième anniversaire de l'Etrange Festival (manifestation
culturelle annuelle), les organisateurs ont eu l'ingénieuse idée
de confier une carte blanche aux belges PATAR et AUBIER. Après
la diffusion du classique live délicieusement kitsch L'Homme
Qui Rétrécit de Jack ARNOLD et de six épisodes fraîchement
mis en boîte de leur série Panique, Frédéric
AMBROISINE, journaliste à DVDRama, avait l'honneur de rencontrer
l'irrésistible duo. Avec son aimable autorisation, leçon
de rattrapage !
Frames
:
Quels furent vos parcours respectifs avant de vous rencontrer ?
Stéphane
AUBIER :
Bon alors moi, je m'appelle Stéphane AUBIER et je suis né en Belgique...
J'aimais bien dessiner depuis très longtemps et puis j'ai fait des petites
écoles de... et puis bref, j'ai rencontré Vincent à St Luc, à Liège.
C'était dans les Humanités. Comme on aimait bien la bande dessinée et
qu'on voulait en faire tous les deux dans cette école-là, on s'est dit
finalement que ça serait bien de faire autre chose pour avoir quelque
chose en plus. Pour faire du dessin animé, nous sommes allés à Bruxelles.
On se connaissait pas bien mais comme on allait à la même école, on
se fréquentait souvent année après année. On a fini par développer des
projets communs.
Vous
vous êtes donc rencontrés à l'université...
Vincent
PATAR :
Oui, c'est ça. Bon, moi, je m'appelle Vincent PATAR. Notre parcours
est sensiblement le même parce qu'effectivement, on est arrivé à St
Luc pour terminer les Humanités en artistique. On voulait faire de la
bande dessinée. Après on a appris l'existence d'une école de cinéma
d'animation à Bruxelles. Et on a décidé de suivre 5 ans d'études. Ca
nous plaisait bien.
Vous
aviez déjà le même genre d'humour tous les deux ?
Vincent
P. : On a été un peu nourri par les mêmes choses en matière
de BD -tout ce qui tournait autour de Spirou-, et on a sensiblement
lu les mêmes choses. Quand on a habitait à Bruxelles, on était dans
le même appartement. On riait des mêmes trucs, on s'amusait avec les
mêmes choses. Je me souviens qu'on avait ramené de vieux Podium
un jour. On s'est amusé à y découper des Claude François, des Sheila
et des Ringo. C'est comme ça que ça a un peu commencé.
Votre
premier dessin animé c'était... ?
Stéphane
A. : ... en commun ? Parce qu'on a travaillé aussi séparément.
Moi je faisais Pic Pic Le Cochon Magik, Vincent a fait André Le Mauvais
Cheval et on s'est dit que ça serait bien de les mettre ensemble, de
faire un petit show pour les présenter dans un festival. Et c'est comme
ça qu'on a collaboré.
Vincent
P. : On se donnait des conseils l'un l'autre pour avancer
dans notre travail. Et petit à petit…

L'Ours,
la Femme et le Chasseur, un vaudeville complètement barré
!
Vous
aviez commencé par d'autres histoires ou ce sont celles des 3 premiers
Pic Pic André show ?
Vincent
P. :
Non non, les histoires des Pic Pic André sont arrivées après.
Stéphane
A. : Les trois Pic Pic André Show qui sont sur le DVD, sont
des films qu'on a fait après l'école.
Donc
il y a une version démo de Pic Pic André que personne n'a vue ?
Vincent
P. : Oui, il y a la genèse, et après la concrétisation.
Est-ce
qu'on risque de les voir un jour en complément sur un DVD ?
Stéphane
A. :
Ouais, pourquoi pas. On les a passé dans une cassette vidéo qui était
sortie en Belgique. On les ressortira peut-être plus tard. On a des
problèmes de droits d'auteur pour la musique parce que moi, j'avais
pris Quincy JONES. Il était un peu trop cher (rires).
Durant
les précédentes années, L'étrange Festival a projeté les trois Pic Pic
André qui ont eu à chaque fois, un franc succès. Comment l'expliquez-vous
? Cet humour est-il directement inspiré des Tex AVERY ?
Stéphane
A. : Au début, mais plus tellement à la fin. Maintenant on
a même un petit rejet avec Tex AVERY. Il y a tellement de clins d'œil
dans la pub, à la télé... on a pris notre distance avec ça. Moi, je
me souviens d'une bande dessinée qui s'appelle Cowboy Hank (Maurice
le Cowboy), qui passait il y a plusieurs années dans L'Echo des Savanes.
C'est ce type d'humour-là qu'on aime bien, un peu crétin.
Vincent
P. :
C'est aussi le cinéma live qui nous inspire un peu, la vie réelle
nourrit un peu nos inspirations également. Déjà, quand on fait nos bandes-son,
on essaie de ne pas faire des bruitages cartoon. On essaie plutôt
de créer des ambiances réalistes pour justement crédibiliser la vie
des personnages qui sont faux mais... justement en travaillant notre
bande-son, ça les rend authentiques, comme si c'était des acteurs qui
jouaient pour nous.
Vous
avez aussi fait Les Baltus dont les personnages sont fabriqué avec des
revues découpées. Vous avez voulu faire quelque chose de plus satirique
que Pic Pic et André qui a plutôt un côté action et divertissement ?
Qu'est-ce qui vous a donné envie de créer ce portrait de famille déjantée
?
Vincent
P. :
C'est Stéphane qui a réalisé.
Stéphane
A. : Je ne sais plus très bien. On parlait des Podium
à l'instant, quand on découpait les Claude François, etc. ... J'ai fait
d'abord une histoire qui s'appelait Claude, Sheila et Ringo, où Ringo
sortait avec Sheila pendant que Claude était parti.
Vincent
P. : Non, non ! Claude sortait avec Sheila pendant que Ringo
était parti (rires).
Stéphane
A. : Oui, c'est ça, pendant que Ringo faisait de la moto.
Et puis j'ai eu envie de faire une autre histoire avec cette technique.
J'ai inventé une famille avec le principe des collages. J'ai pris n'importe
quel truc, des prospectus qu'on reçoit par la poste. J'ai fait des décors
un peu bizarre qui ressemblent à des maisons, mais qui sont un peu déformés.
Ça me faisait rigoler l'attitude des personnages qui bougeaient comme
ça. J'avais vu un film en papier découpé, c'était la technique qui était
marrante en soi. C'était vraiment différent des dessins animés fluides.
Là c'est plus brut, plus sauvage comme animation. Ça a un côté un peu
ridicule. C'est ce que je voulais exploiter.
Ça
ne posait pas de problèmes de découper des personnages connus ? J'ai
cru reconnaître Poivre d'Arvor parmi les Baltus...
Stéphane
A. : On piochait dans tous les magazines, il suffisait de
changer la bouche et c'était ok.
Vincent
P. : Ça peut être Patrick JUVET aussi. Mais de toutes façons,
si tu prend la bouche de Patrick JUVET et les yeux de Poivre d'Arvor,
ça devient quelqu'un d'autre. C'est comme les DJ qui prennent des samples
de morceaux divers pour faire leur musique à eux.

Comment
vos dessins animés sont-ils diffusés en Belgique ?
Vincent
P. : En France il y a Heliotrope qui a projeté la compilation
Pic Pic André en salles. En Belgique, de temps en temps, un distributeur
prend un de nos courts-métrages en première partie d'un long. Il y en
a eu un, avant Gadjo Dilo je crois. Sinon, on avait édité et distribué
nous-même une cassette vidéo avant le DVD. Quand le DVD est sorti, on
ne s'en est plus occupé, mais ça reste encore assez confidentiel au
niveau de la distribution.
Est-ce
que vous avez des projets de long métrage, du style Pic Pic et André
-le film ?
Stéphane
A. : Non, pour l'instant on est toujours en train de travailler
sur la série des Panique. C'est la première fois qu'on se lance vraiment
dans un projet aussi long, à aussi grande échelle. Pendant un an, on
doit travailler sur 20 épisodes de 4 minutes. On a commencé en
décembre 2001, on terminera en janvier 2003 [ndFrames : entretien
réalisé début septembre 2002]. Et c'est divisé en trois modules
de prises de vues. Là on est dans le troisième module, on a déjà tourné
12 épisodes. Et entre les parties de tournage, il y a les parties de
préparation. La technique, c'est de l'animation d'objet avec des cow-boys,
des indiens, des animaux de ferme. On a créé un univers à partir de
ces personnages-là.
Ce sera diffusé sur une chaîne belge ? Est-ce prévu pour la France
?
Stéphane A. : Oui, Canal+ France a
acheté les droits exclusifs pour un an, je crois. Il passeront les films
normalement en février en France sur Canal+. Il y a aussi un festival
du dessin animé à Bruxelles qui dure une quinzaine de jours. Ils vont
diffuser les films du festival sur Canal+ Belgique. Pour la France,
je ne sais pas à quel rythme ils vont les diffuser. Il y a aussi la
WDR, une chaîne de la télévision allemande qui a pré-acheté.
Vous doublez vous-même vos personnages ?
Vincent P. : Oui, mais maintenant,
dans la série des Panique, il y a de plus en plus de comédiens qui nous
accompagnent. Notamment Benoît POELVOORDE qui fait la voix du petit
fermier.
Comment vous êtes-vous rencontré ? Il a également fait les voix sur
un des épisodes des Baltus…
Vincent P. : Quand on était à la Cambre
[ndFrames : Ecole de Cinéma belge], on avait des amis communs.
Stéphane A. : En fait, Rémy BELVAUX,
celui qui a fait C'est Arrivé Près De Chez Vous, est rentré en même
temps que nous à la Cambre pour faire des dessins animés. Il est resté
un an ou deux, je ne sais plus. Puis il est parti à l'INSAS, et Benoît
c'est un copain qui faisait aussi une école artistique. On l'a rencontré
une fois à un bar. Il nous faisait peur au début (rires). Il
nous a demandé si on ne voulait pas se faire tuer dans C'est Arrivé
Près De Chez Vous. Moi, j'ai pris une balle dans l'œil droit et Vincent
-qui n'a pas pu être là- lui a donné son nom puisque le tueur s'appelle
Ben Patar. Puis on s'est revu après et comme sa voix était vraiment
bien, je lui ai demandé s'il ne voulait pas faire la voix du méchant
clown dans Les Baltus. Comme il est très gentil, il a dit "Je
veux bien".

C'est
Arrivé Près de Chez Vous, un film-culte grinçant
Comment
imaginez-vous le genre
de gags tel que le coup du porte-manteau dans Pic Pic ? La série d'événements
qui se déroule entre son apparition et l'utilisation qu'on en fait au
final. Comment mettez-vous ce processus en place entre vous ?
Vincent
P. : Quand Stéphane développe une histoire, en général, je
comprends tout de suite où il veut en venir. J'apporte des petites idées
après. Quand il s'amène avec une idée de scénario, on se comprend mutuellement.
Ça se fait naturellement.
Stéphane
A. : L'idée du porte-manteau... quand Vincent a fait le Babiroussa,
c'était une idée qui partait d'un début et dont la fin était la même
que le début. J'ai pris ce concept de scénario mais au milieu de l'histoire
il devait y avoir un événement complètement dingue qui permette d'arriver
à la fin.
Vous
bossez avec plus de moyens qu'à vos débuts. Combien de temps ça vous
prenait pour faire un dessin animé ?
Stéphane
A. : Quand on est sorti de la Cambre, on a produit nous-même
nos dessins animés. On produisait sur fond propre alors ça prenait du
temps. Et en même temps, on travaillait pour d'autres gens. Dès qu'on
avait du temps, on revenait sur nos dessins animés. Ça devait prendre
entre 6 mois et un an pour faire un court-métrage de 6 minutes. On faisait
un Pic Pic plus ou moins tous les deux ans.
Vincent
P. : C'était à chaque fois entrecoupé de travaux de commande.
De la pub, etc. … Et je crois que le DVD qui compile plus ou moins ce
qu'on a fait en 10 ans, ça représente 50 minutes de film. Pour les Panique,
on a réalisé 12 épisodes en un an et quelques, car on a toute une équipe
qui travaille avec nous. En plus, ce sont des gens vraiment bien à qui
on peut vraiment faire confiance. C'est quand même plus gai de pouvoir
avancer un peu plus vite.
Stéphane
A. : Quand tu vois un épisode qui est fait après deux mois,
tu te dis "waouh, c'est quand même du boulot". C'est
vraiment différent.
Une
fois les Panique finis, vous allez vous reposer ou enchaîner avec un
autre projet ?
Vincent
P. : On se reposera 2 heures et on attaquera autre chose
(rires).
Stéphane
A. : Ben si, moi, je dois passer mon permis de conduire (rires).
Vincent
P. : Ben, moi, je vais avoir un bébé en janvier juste après.

Question
essentielle : qui est le plus vil des deux compères ?
Interview
réalisée le 8 septembre 2002, et originellement parue sur DVDRama. Tous
nos remerciements à Frédéric Ambroisine pour l'autorisation
de reproduction.
|
|
|
|
"L'humour
des productions du duo passe principalement dans le visuel et le comique
des situations, poussées à l'extrême. Le postulat-même est parfois
d'une telle bêtise qu'il prête inévitablement à rire"
|